Red Hot Chili Peppers, The Killers, Michael Kiwanuka, Big Thief, ... - Rock Werchter - 03.07.2022
Crédit photo :
© 2022 Jean Red Hot Chili Peppers avec John Frusciante au Rock Werchter 2022
Date et lieu :
Rock Werchter, Belgique – 02 & 03 juillet 2022
Live report :
Pour être sincère, durant ces 4 jours de frénésie (retrouver les lives reports du jeudi et vendredi), cette journée du samedi plutôt dédiée aux plus jeunes et leurs têtes d’affiches (Imagine Dragons, Twenty One Pilots, …) était une bonne occasion d’alléger le programme, de picorer rapidement avant de se préparer pour le rush final d’un dimanche démentiel.
En milieu d’après-midi, on fait un détour pour aller voir Maneskin… Comme on est entre-nous, je peux bien me confier... J’y allais à reculons. Tu imagines, on te vend le truc comme ça : « J’irais bien voir les mecs qui ont gagné l’Eurovision ». La promesse me laisse… dubitatif. Et pourtant, les italiens vont faire décoller un public massif et massé devant la scène. Le groupe sur la braise met un beau dawa avec son hard rock sexy et l’énergie monstrueuse de son chanteur Damiano David. La fin du set est clairement brulante, le groupe enchaîne une reprise sans surprise de « I Wanna Be Your Dog » et les tubesques « I Wanna Be Your Slave » et « Lividi Sui Gomiti » avec quelques dizaines de fans sur scène. Ça tient sacrément le pavé ! Bonne surprise, un gros coup de latte dans mes préjugés. Dont acte.
S’en suivent un petit tour sur Phoebe Bridgers, un peu soporifique… On file à la découverte de Leon Bridges, chanteur soul américain. J’ai rarement vu un chanteur aussi statique, presque mal à l’aise d’être sur scène. Ca manque de groove, ça manque de soul et de chaleur… C’est assez dingue.
Après quelques mousses au soleil, on lève le camp tranquillement dans cette journée de transition, sur Twenty One Pilots qui livre un gros show à l’américaine très imposant visuellement.
A l’inverse, le dimanche est grandiose et va enfiler des concerts très attendus. A commencer par Big Thief à 14h, groupe indie américain sur The Barn pleine comme un œuf devant près de 20 000 festivaliers ! Malgré le gigantisme de cette scène couverte, Big Thief dévoile plutôt son côté folk intimiste avec plus d’une douzaine de morceaux. Dès le départ, la timide Adrianne Lenker semble stigmates tendus, impressionnée certainement. Sa voix est chargée d’une grande émotion et cette tension palpable rajoute au magnétisme du groupe. Lorsqu’elle rate une intro, le groupe fait tourner et lui envoie des regards bienveillants de soutien. C’est véritablement touchant. Le set sera magnifique et poignant jusqu’au bout avec le trio final « Happy With You », bouleversant, « Cell Phone Says » et le coup de grâce « Cattails » et son folk-country envoûtant tiré du merveilleux U.F.O.F. Un concert à fleur de peau qui a éclairé un début de journée qui sera définitivement grandiose.
En attendant Michael Kiwanuka, on fait un tour sur la main stage reluquer vite fait sans conviction Keane, une mousse à la main sous un soleil généreux. Ok les anglais enfilent les hits comme des perles (« Somewhere Only We Know », « Everybody’s Changing »…), ok Tom Chaplin a clairement une voix juste et haut perchée. Mais. Mais. C’est plat, c’est lisse, ça manque de guitare (je suis pas un vieux con !)… bref.
Kiwanuka, et la lumière fut...
Une heure avant Kiwanuka, c’est le moment d’aller se caler à nouveau sous The Barn car le bonhomme est attendu de pied ferme. A nouveau, on est posé à quelques maigres encablures de la scène, comme des vieux qui ont leur place au camping ! Un peu avant 18h, le britannique et son band s’emparent de la scène pour un set marquant, peut-être le plus grand frisson de la journée pour ma part. Derrière ce flegme apparent, le concert est parfaitement dosé entre émotion, groove et blues charnel. En intro, « Falling » pose immédiatement la finesse mélodique de l’artiste… Derrière, c’est un festin de groove avec « One More Night », « You Ain’t The Problem », « Rolling » et « Black Man In A White World » ! La soul esthète de « Rule The World » fait encore chavirer notre âme avec une surprise de taille, le solo mémorable de l’une de ses choristes. La baigne ! L’enchaînement est terrible sur « Hero » qui décolle doucement, très doucement, avec l’envol qui entraîne le public dans un tourbillon funk exaltant. La batterie est nerveuse et groove à mort, les chœurs réhaussent les refrains. C’est d’une grâce absolue, tout comme « Final Days » et « Solid Ground » qui cachent le final en trombe de « Cold Little Heart » et une version dantesque de « Love & Hate ». Le public s’en donne à chœurs joie, forcément, avec le solo archi fracassant de son guitariste plutôt discret jusque-là. J’ai les joues rouges, l’âme en paix, Kiwanuka a le sens de la composition et la finesse du live.
Sous un soleil absolument radieux et un ciel azur, on enchaîne sur la mainstage pour un concert pachydermique de Royal Blood ! Le binôme appuyé par un claviériste – dernier album oblige – commence pied au plancher comme des furies, justement introduit par « Typhoons », morceau titre de ce dernier opus. La basse de Mike Kerr est toujours aussi démente et la batterie de Ben Thatcher monstrueuse. C’est un véritable torrent de riffs qui s’abat sur la plaine. « Lights Out » fait trembler la terre et dans la foulée « Come On Over » déclenche un pogo de tous les diables. Si je ne suis pas un immense fan de leur dernier album en version studio, je reconnais que l’intégration en live et l’énergie que communique un « Trouble’s Coming », par exemple, fonctionnent grave. Sans laisser une seule respiration, les anglais déploient à nouveau leur collection d’uppercuts avec « Little Monster », l’énorme « How Did We Get So Dark ? », « Loose Change » jusqu’à l’imparable et merveilleux bulldozer « Figure It Out » soutenu par un public chaud comme la braise. « Out Of The Black » est en charge d’achever la foule déjà sur les rotules avec Thatcher qui s’offre un bain de foule sur un break progressif. Monstrueux.
Une heure plus tard, on enchaîne avec The Killers qui vient déverser son rock synthétique et dansant ici, en Flandre. La scénographie est assez cossue sans être folle mais ce qui m’interpelle immédiatement c’est une sorte de muret de leads (qui reste noir la plupart du temps !) qui s’étend sur toute la largeur de la scène à hauteur de cuisses qui crée comme une séparation entre le groupe et le public. Si les américains ont une excellente côte en Belgique et que le public adhère globalement, il manque tout de même le supplément d’âme. Peut-être la faute à ce son un peu trop synthétique, à la voix parfois sous-dosée (et un peu usée ?) de Brandon Flowers et ce show très cadré. Bien entendu, « When You Were Young », « Somebody Told Me », « All These Things That I've Done ». Malin, le groupe fait monter un fan (on apprendra dans la presse le lendemain, que c’est un lillois !) sur « For Reasons Unknown ». Dans son t-shirt Red Hot Chili Peppers, le batteur s’en donne à cœur joie et crée un moment intense derrière Flowers et les siens. Jusqu’à la fin, le groupe déroule avant que le show ne s’achève sur l’inévitable « Mr. Brightside ». Et forcément, ça marche. Mais je ne suis pas ultra conquis… D’autant que le groupe termine étonnamment 15 minutes avant la fin de son temps imparti. Etonnant.
Red Hot Chili Peppers, mythes & légendes ?
Les Red Hot Chili Peppers vont donc clôturer cette copieuse journée et l’édition 2022. Les californiens sont attendus de pied ferme, notamment avec le retour de Frusciante dans les rangs. Nous sommes des miraculés car le groupe a du annuler son concert précédent pour cause de maladie d’un des membres (Kiedis ?)… ils étaient donc incertains pour ce soir ! Ouf ! Le groupe entre en scène pour entamer un jam introductif et lancer « Around The World ». Ça sonne à mort ! A l’image de Pearl Jam et Metallica quelques jours plus tôt, ça sent la fessée ! Mais très vite, on ressent des hésitations sur les enchaînements entre les titres comme s’ils construisaient la setlist au fur et à mesure… Leurs discussions paraissent parfois interminables et cassent un peu le rythme. Pour un festival, la setlist n’est pas non plus complètement optimale. Elle laisse la part (trop) belle au dernier album ou à Stadium Arcadium même si globalement les morceaux sonnent bien. Pas de « Otherside » ou « I Could Have Lied » pourtant joués sur cette tournée… Mais sans faire la fine bouche, les Red Hot restent dantesques et déversent toujours leur groove endiablé. Leur son, c’est du velours, le duo Flea-Chad Smith est mythique et le retour de Frusciante redonne aux californiens ce son Hendrixien et ce jeu très personnel, assez hypnotique. En fin de concert, une version mortelle de « Give It Away » remet tout le monde d’accord avant le rappel adolescent de « Under The Bridge » (chanté justement par Kiedis !) et l’assaut final sur « By The Way ».
L’édition 2022 du Werchter, retour de Covid, est une nouvelle fois à mettre dans les annales !
Jean
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