Pearl Jam, Fontaines DC, Beck The War On Drugs... - Rock Werchter
Crédit photo :
© 2022 Jean
Pearl Jam à Rock Werchter, monumental !
Date et lieu :
Rock Werchter, Belgique – 30 juin 2022
Live report :
L’attente fût longue… billet en poche depuis 2020. Vous connaissez la suite. Le truc du monde d’avant, et celui d’après, le lockdown, la culture qui ferme ses portes. Cette année, on priait fébrilement encore. Et la lumière fût !
Et l’affiche est complètement dingue, une habitude ici à Rock Werchter. Nous arrivons enthousiastes comme des gamins un matin de Noël pour ce premier jour, l’ouverture à 13h est l’œuvre des australiens de Gang Of Youths sur la Main Stage qui égrène son rock indé eighties. Emmené par son chanteur David Le'Aupepe qui s’affaire dans tous les sens sur la plaine sous la petite grisaille, j’ai tout de même du mal à m’enthousiasmer pour leur set. Une musique un peu trop synthétique qui manque de singularité.
Tiens, quand on parle de caractère… Dans la foulée, Fontaines D.C est l’un des concerts que j’attends le plus depuis des mois ! Le groupe arrive sous tension, dans une urgence folle et lance immédiatement « A Lucid Dream » sous son fatras de guitares corrosives avant d’amorcer l’hymne clashien « Sha, Sha, Sha ». Grian Chatten, jogging du dimanche et t-shirt « Ireland » sur le dos, agite le poignet et fait ses 10 000 pas sur scène. Le gamin saisit la foule de sa voix grave et de son phrasé unique et habité. Les guitares rutilantes, soutenues par une section rythmique en béton armée, enchaînent sur « Roman Holiday », presque pop, et sur les frénétiques « Televised Mind » (dantesque !) et « Nabokov ». Le post punk abrasif de Fontaines D.C. saisit à la gorge le parterre de dizaines de milliers de festivaliers ! Un peu plus tard, le groupe entame la fabuleuse « I Love You » en version survoltée ! Chatten sort tout ce qu’il a dans le bide et les poumons et déverse ses paroles avec une rage sans égal. La claque est énorme, le final de la chanson est grandiose, halluciné, irrespirable. Les irlandais achèvent cette heure furieuse avec « A Heroe’s Death » et « Jackie Down The Line ». Si l’apocalypse ressemble à ça, on peut mourir tranquille.
Sur une autre scène, en parallèle, Airbourne a dû défoncer le champ…
A peine le temps de s’enfiler une Friet Stoopflees, carbonade locale, on veut taper l’incruste sous l’une des scènes couvertes pour Cigarettes After Sex. Mais c’est full, impossible d’entrer. Retour sur la Main Stage où deux heures de pluies diluviennes nous attendent. Ça risque de sentir le chien mouillé… Courageusement, Rag’N’Bone Man tente de réchauffer la plaine bien dense de Werchter. Et à force d’abnégation et d’enthousiasme, il y parvient. Forcément « Human » emporte la foule courageuse qui se prend une saucée de tous les diables. Le bonhomme et son groupe ont du talent, ça joue et ça groove. « Giant », chanson issue de son duo avec Calvin Harris boucle le show, dans une ambiance clairement à son comble. Défi relevé !
Lanig resté pour les Pixies raconte : « Les Pixies, en sortie de déluge, délivrent leur rock dynamique et permet de retrouver des couleurs avec des titres chantés à plein poumon par le toujours joyeux public (tels que « Here Comes Your Man » ou l'inévitable « Where Is My Mind »). »
De mon côté, avec les deux affreux qui restent, on file sous The Barn (petite scène couverte de 20 000 places !) pour attendre Beck. Le caméléon américain nous colle 30 minutes de retard dans la vue, fait extrêmement rare dans ce festival. Beck est imprévisible, musicalement à l’aise dans le folk et le songwriting délicat, dans le disco-dance et le funk, forcément la curiosité est de mise ! L’entrée en scène démontre déjà un show très coloré, avec une scénographie très travaillée et, chose étonnante, des musiciens dans l’ombre, en arrière-plan sur une scène surélevée. Ça groove à mort, la section rythmique est de très haut vol mais le son est trop rond, avec trop de basse et de medium et la voix légèrement sous-dosée. Beck est en grande forme et s’active dans tous les sens, mais globalement, je ne rentre pas dans l’univers. C’est un parti pris de l’artiste qui revisite ses morceaux pour leur donner une cohérence artistique et aligner « Dreams », « Loser », « Devils Haircut » dans un univers très marqué. Encore une fois, musicalement, c’est du haut niveau, il manque juste un poil d’émotion…
Retour vers la grande scène où viennent de démarrer les très attendus The War On Drugs. Les américains sont la première tête d’affiche de la soirée. Emmené par Adam Granduciel, leader discret mais clairement figure de proue, le groupe va déverser son rock feel good enthousiaste et limite planant. Pas très loin de Springsteen, ni de Brian Adams, Granduciel et sa clique ont joué une dizaine de titres à rallonge en 75 minutes de show avec une petite constellation de hits bien accueillis comme « Harmonia’s Dream », « Under Pressure » et bien entendu « I Don’t Live Anymore ». Granduciel s’affaire aux solos pour triturer les Stratocaster et Jazzmaster et faire triper un public qui sèche tranquillement après le déluge. Le statu de tête d’affiche est peut-être un peu large, mais les mecs font le taff avec passion et un show aussi authentique que leur garde robe…
Lanig, agglutiné devant la console centrale me livre un autre avis : « The War On Drugs : malgré une musique que certains pourront trouver un poil répétitive, Adam Granduciel, leader introverti, réussit malgré tout à coups de longs solos de guitares à la Gilmour, à créer un univers plutôt confortable. On aime ou pas mais, dans tous les cas, c'est remarquablement bien joué. »
Eddie fédère…
A 23h, Pearl Jam prend d’assaut la Main Stage pour livrer certainement la plus grosse performance de ces 4 jours ! La claque est immense, le groupe est absolument survolté, mêlant une motivation à son comble, une émotion ultra palpable, une setlist dantesque pour une prestation absolument grandiose ! Le groupe de Seattle a aligné toutes les planètes… Dès les premières minutes avec « Rain » des Beatles et la reprise « I Believe in Miracles » des Ramones, on comprend clairement que la soirée sera sans égale. Vedder, t-shirt Black Pumas sous sa chemise ouverte, est sacrément en voix, McCready s’enflamme à chaque morceau, Jeff Ament a un son démentiel à la basse… le groupe est en alchimie totale et prend une revanche après quatre années qui l’ont éloignée de la scène. Visage affecté, Vedder explique que le groupe commémore dramatiquement, jour pour jour, les 20 ans d’un accident au Roskilde Festival au Danemark dont un mouvement de foule a entrainé la mort de 8 personnes le 30 juin 2000. Eddie fédère et demande aux festivaliers de prêter attention aux uns, aux autres. Mais Pearl Jam enchaîne les baffes monumentales, « Why Go », « Even Flow », « Corduroy », « Do The Evolution » bien-sûr et « Daughter » avec une incursion d’« Another Brick In The Wall »… Dans une ambiance plus disco, le groupe propose une excellente version de « Danse Of The Clairvoyant » issu du dernier album. Le parterre des 95 nationalités présentes à Rock Werchter est clairement de mèche et s’en donne à cœur joie.
Le rappel est monumental, il ne devait pas être autrement pour sanctifier ce concert hors norme. Pearl Jam empile « Black », « Alive » et une reprise flamboyante de « Rockin’ In The Free World ». Le public est plié, heureux, complètement ébahit. Pearl Jam fût grand ce soir.
La suite sera-t-elle aussi grandiose ?
Place au vendredi avec, en tête affiche monumentale : Metallica.
Jean
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