Pascal Pacaly - 2012-10-25
Pascal Pacaly, l’auteur-poète stéphanois frappe encore dans le monde du rock. Rock Attitude explore une frange assez large du rock français, relatant sans complexe ni discrimination les parcours d’artistes influents (No One Is Innocent, Thiéfaine, Ange, ou JP Nataf et ses Innocents) et d’autres moins exposés (Cocoon, Jospeh D’Anvers, Sliimy, Anaïs…). On l’aime Pascal et c’est pour ça qu’on en discute sans détour...
Rocklegends : Rock Addictions l'an dernier, Trash Palace en début d'année et maintenant Rock Attitude, il ne serait pas un peu boulimique de travail le Pascal ?
Pascal Pacaly : Un peu...mais l'écriture c'est quelque chose de sacré pour moi...un petit bout d'éternité.... et encore, je ne t'ai pas parlé du livre illustré que j'ai eu la chance de faire avec le merveilleux Ludovic Sallé : Adora et Démona Au Pays Des Cauchemars, mélange d'Edgar Poe, Tim Burton et Lewis Caroll...ça sort dans peu de temps. Une autre facette de l'écrivain, ce côté artistique que j'aime tant : la poésie, le cinéma, la peinture, la photographie... L'art est sans doute, l'une des choses que l'humanité a fait de mieux et c'en est le fabuleux témoignage.
Rocklg : Quand j'ai lu la sélection de groupes et artistes de ton bouquin, je me suis dis que tu faisais le grand écart. Passer de Metal Urbain à Emma Daumas, de No One Innocent à Sliimy ou de Thiéfaine à BB Brunes, c'est assez fantaisiste non? Tu penses toucher un lectorat qui a des goûts aussi hétérogènes ?
PP : Et pourquoi pas ? Et même si ce n'est pas le cas, il arrive parfois qu'on puisse être curieux. Parmi les choses qui me font le plus plaisir est quand un lecteur vient me dire qu'il a découvert tel ou tel groupe grâce au livre. Là, c'est excellent, car c'est tout le but du livre, d'amener ce rock français aux gens. Alors les écarts ? Qu'importe, comme je dis souvent, le blues donne naissance au rock, qui lui même donne naissance à la pop, et d'autres dérivés comme le métal, le hard, etc. Et puis, c'est bien de pouvoir passer d'un univers à un autre, non ?
Rocklg : Bon, je vais y aller franco, Sliimy, Emma Daumas ou Pep's, c'est un peu léger pour attirer le chaland, non ?
PP : Il faut faire attention aux clichés, les images sont parfois trompeuses. Ces artistes ont leur propre univers et, comme on dit, les goûts et les couleurs... Pep's, je ne comprends vraiment pas pourquoi tu dis cela, il a eu ce tube « Liberta » et beaucoup de gens ont suivi. Est-ce un tort ? Son parcours, de plus, est vraiment sympa, très rock avec des anecdotes qui reflètent bien le milieu musical de nos jours, parfois pour le meilleur mais plus souvent pour le pire. Après pour Emma Daumas, là, on est en plein dans le cliché Star'Ac. Mais attends, la Star'Ac, c'était juste pour faire du fric. Le côté artistique n'était que secondaire. Les mecs voulaient de l'audience qui génère de la pub donc du pognon et des ventes de disques. Emma avait tout un parcours avant, et un autre après... et nous, nous restons bloqué sur les images que les scénaristes et réalisateurs ont diffusées. Ces images, c'est quoi ? Dix minutes sur une personne et sur une journée de 24 heures. Donc on te montre bien ce qu'on veut... et bien sûr, ça a marché. Tu sais bien, le « fameux temps de cerveau disponible »... Mais sais-tu qu'elle a mis au mois trois ans avant de digérer ça ? Car il y a ce qu'on voit, et ce qu'on ne veut pas montrer. Et puis, son art, sa musique, quel en a été le prix, le coût à payer ? Emma Daumas c'est non seulement une aventure musicale mais aussi et surtout humaine et sociale, son histoire avait donc plus que toute sa place, malgré les clichés !
Rocklg : Rassure-toi, je faisais plutôt allusion à son profil musical, son style et son véritable impact dans le milieu musical… c'était un exemple parmi d'autres. Sinon, y a-t-il des artistes que tu aurais aimé voir figurer dans ton livre et qui n'y sont pas ?
PP : Eiffel, Noir Désir, Indochine, Saez. Ces groupes ont non seulement un univers bien particulier et des textes foutrement bien écrits. C'est intéressant de se confronter, de se mêler à ces plumes. Et puis, leurs univers sont particuliers, parfois très imagés, avec des références artistiques qui me parlent beaucoup. Mélanger ces références, ces univers et ces textes aurait été plus que sympathique.
Rocklg : Pour Eiffel, je suis curieux de te voir écrire sur eux un jour, c’est un groupe fantastique et Romain est un type vraiment sympa. A la lecture du bouquin, on ressent clairement ta plume poétique qui peut parfois déranger dans la lecture d'une oeuvre Rock mais aussi parfois émouvoir comme dans le récit sur Joseph D'Anvers. Comment t'es venu cette envie, cette idée ?
PP : En fait je n'ai pas écrit la nouvelle sur Joseph d'Anvers d'une manière différente des autres, ou alors pas consciemment. J'ai toujours écrit comme ça. Ca vient de mes références sans aucun doute, la littérature américaine: Salinger, Hunter S Thompson, Hubert Shelby, Tennessee Williams, Bukowski... Tous ces écrivains avaient une vraie stature, mieux un charisme. Ils expérimentaient, se foutaient des bien-pensants, etc… Ici, en France, de nos jours, tout est si formaté, si lisse... Alors fatalement, quand tu es adolescent et que tu lis « L'Attrappe-cœur » ou « Les contes de la folie ordinaires », tu prends une vraie claque et tu tombes dans le beau gouffre, tout cela t'attire.
Rocklg : Pour finir, on arrive presque à la fin 2012, quels ont été tes coups de cœur de l'année ? Quelques albums à conseiller ?
PP : Euh.... en fait j'écoute beaucoup de choses des années 60, 70...mais Eiffel est un groupe qui me touche beaucoup. Muse aussi.
Rocklg : Prochaine étape Pascal ?
PP : Des livres, encore des livres, toujours des livres....Sur le métal, le rock...et le foot... on est de Saint-Etienne ou pas !
Propos recueillis par Jean Jean