The Libertines - Zenith de Paris - 30.09.2014
Date et lieu :
Zénith de Paris – 30 septembre 2014
Live report :
Les articles dithyrambiques sur leurs prestations londoniennes disaient vrai. Les Libertines ont littéralement incendié le Zénith. D'un coup, on comprend mieux la folie et les heurts de la prestation à Hyde Park cet été. Les hectolitres de houblon et les kilo-décibels de son ont du rendre dingue les anglais... ce qui en disait long sur l’attente de cette reformation.
Pourtant ce soir, les choses démarraient moyennement. Le son dans la fosse est assez minable (ce Zénith a décidément du mal à tenir ses promesses…). La batterie bouffe le tout, les voix sont inaudibles... Ça pue le fiasco. A deux doigt d'envoyer illico les ingés son chez l'O.R.L., j'opte pour l'idée peu enthousiasmante (et inhabituelle) mais lumineuse de monter dans les gradins, assis comme un vieux sénateur grabataire (qui jette un œil sur le score de PSG-Barcelone, voilà c'est dit, merde), bien centré comme il faut. Manque le chien sur les genoux (hum…) mais faut reconnaître qu'on est bien tintin. Là, le spectacle est beau, audible, bien audible même, et assez jouissif. Et puis c’est la foire d’empoigne en bas…
Appel du compte en banque ou non, Pete et Carl auront fermé à clé le clapet des mauvaises langues. Rien à voir avec la reformation de Police, par exemple. Accolades sincères et plaisir à jouer en témoignent mais surtout, surtout, cette incroyable énergie - synergie même ! - entre deux artistes hors norme. L'un tire la quintessence de l'autre et inversement, les deux ensemble passent dans une autre dimension.
Pendant cette grosse centaine de minutes d'une haute énergie rock n' roll, les Libertines frappent avant tout par un répertoire incroyablement bluffant. En deux albums incendiaires, les quatre anglais avait remis un bon vieux coup de pied dans l’arrière-train d'un rock paresseux et devenu trop insipide.
Pete, en costard, un peu endimanché, un peu fragile voire pataud, est toujours à fleur de peau avec cette élégance et cette dérision caractéristique. Carl endosse le rôle du mec classe, veste militaire rouge puis cuir cintré, est plus sobre. Mais le quatuor n’a rien perdu de sa fougue et mitraille donc « Up The Bracket », « Time For Heroes », « Vertigo », « Don’t Look Back Into The Sun », « Boys In The Band » et une palanquée d’autres réjouissances, dont « Fuck Forever » pour Pete en solo, empruntée aux Babyshambles. Les guitares - cafouilleuses comme on les aime - s’entrechoquent, la basse est plus statique et Gary Powell est absolument monstrueux derrière sa batterie. Dans une hystérie collective hallucinante qu'on n'a pas revu depuis un vieux concert des Hives au Bataclan, le public est venu se mettre minable et se jeter dans la gueule du loup. Les mèches des bobos volent en éclat, les ex-ados devenus adultes en 10 ans se retrouvent dans ce festoyage sonore. Il faut dire que ça envoie le bois, pas des copeaux mais des troncs entiers, et que les Libertines rappellent qu’ils sont peut-être l’un des derniers groupes punks britanniques populaires. Alors continuons comme ça, soyons désinvolte, n’ayons l’air de rien.
Jean Jean