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Neil Young, Jonathan Wilson, Hanni El Kathib, Asaf Avidan ... - Festival des Vieilles Charrues

Crédit Photo :

© Hervé Le Gall

Date et lieu :

Carhaix - le 20 juillet 2013 Live report :

Si l’édition 2013 et son thème gaulois restera un événement avec la venue rêvée depuis des lustres de Neil Young, les organisateurs des Vieilles Charrues auront tout de même vécu une année plus tourmentée que les années records précédentes… Pour appeler un chat un chat, les Charrues sont déficitaires en 2013. En même temps, à force de records, il est inévitablement plus facile de retomber que de pulvériser encore et encore les chiffres.

Ce samedi est pourtant à bloc Jean Floch comme à la grande époque. 30° sous le cagnard et l’ombre qui se fait plus rare qu’un festivalier à jeun, le ciel va pourtant s’assombrir, à deux doigts de tomber sur la tête des 65 000 gaulois enivrés. A 16h30, Féfé sort le grand jeu pour animer la foule motivée. Son hip hop efficace remplit le contrat et le gars cause, recause et re-recause avec les festivaliers… Tant mieux pour eux.

Jonathan Wilson, peace & music

Mais le premier rendez-vous notable était pris depuis des semaines : à 17h30 Jonathan Wilson joue sur la troisième scène, Xavier Grall. Sous un temps californien menaçant, le gars de Laurel Canyon éblouit avec son armada vintage croisant, comme sur son magnifique Gentle Spirit, rock, folk et psychédélisme à volonté. Le set combine des titres brillants de son premier album, quelques raretés flamboyantes et des reprises dont la superbe « Angel » de Fleetwood Mac. Durant un peu moins d’une heure, Jonathan Wilson et son band ont exalté un parterre étonnamment dense mais séduit par la fragilité mélancolique, l’hypnotisme ou les embardées rock enflammées pourvues de soli de guitare et d’orgue… Un grand moment flower power gratifié d’un final Woodstockien. Putain d’concert.

Asaf Avidan, l’incontournable trusteur d’affiches 2013, prend place sur Glenmor, la plus grande scène de France (voire d’Europe…) pour sa pomme et ses potes. Avec du tube plein les poches, une hype à faire pâlir les BB Brunes et un public chaud comme la breizh, l’Israélien semblait arriver comme un César sur son champs de bataille. Quinze jours après nous avoir fait forte impression au Main Square Festival avec son concert habité, fragile mais pêchu, la sauce n’a pris qu’à moitié. Le public ne se vautre pas de plaisir et peine même à s’ébranler les cordes vocales sur un « One Day » pourtant là pour ça. Asaf donne du corps et de la voix, parti dans son trip (aidé par une dose de cheval de Whisky), mais Glenmor semble un peu grande pour un type qui a ses tripes à sortir dans une ambiance plus intimiste.

La honte sur nos épaules mais la faim justifiant les moyens, on troque insolemment Benjamin Biolay contre un kebab (sauce blanche s’il vous plait, quand même…) artisanal (ou pas) et un cul-par-terre pas de trop avant le marathon du Loner.

Take The Poher Back !

A 21h50 et pas une miette de plus, le tant espéré Canadien, l’illustre songwriter monte sur scène pour la première fois dans le Poher avec son non moins mythique groupe d’artilleurs : The Crazy Horse. Premier objectif, faire mieux qu’un Bob Dylan lymphatique et antipathique au possible qui avait laissé un sale souvenir aux Charrues. Côté déconne, parlotte et blagounette, l’ami Neil est sur la lignée de son vieux comparse. Près d’une 1h45 de concert avant de lâcher un mot… Mais côté show mes aïeux, Neil et ses vieux potes de route se vautrent dans une opulence de décibels crachés du feu de Dieu par deux vieilles Les Paul furibondes. Les premiers morceaux, éraillés, torturés, distordus, durent chacun un gros quart d’heure au bas mot. Le vieux sorcier Canadien élève un mur de son face à un public médusé… On arrive à lire sur certains visages déconfits : « Mais bordel, il est où le vieux troubadour au coin du feu avec sa guitoune sèche et son harmonica ? ». Foutez l’camp ! Neil Young - à la voix d’or devenue patrimoine international - en a autant sous le chapeau que sous la pédale et son Crazy Horse dopé par la scène est absolument monstrueux. Rien n’est fait pour séduire le grand public mais tout est fait pour livrer un show dantesque, comme si c’était le dernier. Une aubaine pour les fans. Même si, le temps d’une échappée belle solo et acoustique, Neil Young donne un peu de répit avec notamment « Heat Of Gold » et la reprise « Blowin’ In The Wind » de Dylan - la revanche de Kerampuilh – et l’instant magique avec Neil au piano sur « Singer Without A Song ». Et rebelote, Les Paul calées sur les épaules, le groupe tire une dernière ligne droite menant notamment à l’immense « Rockin’ In The Free World » qui soulève les foules et quelques cartouches dont « Fuckin’ Up » et « Hey Hey, My My ». Plus rien ne sera comme avant suite à ces 2h30 de concert (au lieu de 2h prévues)… et Neil Young de rappeler aux frileux avant de partir : « Hey hey, my my rock & roll can never die ! ». J’imagine que le père Quignon, du haut des cieux, a entendu le boucan. On est comblé pour lui. Anthologique.

Hanni El Khatib a la dure tâche de passer après le Loner. Mais le californien n’a pas de complexe et envoie le bois à coup de hits sous caféine. Son combo rock n’ roll maintient la cadence et arrive encore à tirer les dernières forces d’un public amorphe par la chaleur et groggy par la bière. Malgré le son qui tâche et l’esprit garage, son set est un peu trop calibré et manque de place pour l’enflammade collective… Ce type me plait, on sent l’esprit rock et les bonnes intentions. Peut-être se détachera-t-il des effluves de Dan Auerbach pour reprendre en main ses compos comme sur son premier disque dont les extraits sont bien plus convaincants ce soir (« Build. Destroy. Rebuild », « Fuck It. You Win »…).

Pour finir, plein les bottes, The Roots envoient leur hip hop jazz-funky avec un groove de folie. C’est du hip hop mais pas que. Section cuivre, instruments en réel et non virtuel, The Roots mettent encore le feu… Mais les vieux mettent les voiles et on les suit…

Les mots de Neil Young résonnent encore en arpentant sur le retour la pelouse roussie de Kerampuilh : « Mieux vaut se cramer intensément que s'éteindre à petit feu ». CQFD. Jean Jean

Setlists :

Retrouvez la setlist de Neil Young

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