Kadavar - Espace Malraux - 14.11.2018
Date et lieu :
Espace Culturel André Malraux, Six Fours Les Plages - 14 novembre 2018
Live report :
Plus pointu que le Pointu Festival, tu meurs. Thee Oh Sees, Fidlar, Hanni El Khatib, Kurt Vile, Dinosaur Jr, Red Fang, Holly Cook, liste non exhaustive sur ces quatre dernières éditions, rien de moins que la crème de la crème brûlée de la scène rock plus ou moins actuelle, et en mode grand seigneur puisque l’entrée est LIBRE. Si Georges Abitbol, l’homme le plus classe du monde, était un festival de musique, il serait le Pointu.
Le 14 novembre dernier KADAVAR y était convié pour une déclinaison automnale de l’événement, et ce soir-là je peux te dire qu’en moins de deux heures j’avais sauté dans ma plus jolie blouse vintage, embusqué mon pote Laurent de Baston Baston Club et ramené nos fesses à l’Espace Malraux de Six-Fours-Les-Plages.
Derrière les portes, la Suède, l’autre pays du rock n’ roll travaille la salle au lance flamme d’un doomy stoner venimeux. Monolord avec « Cursing The One », amorce un set court mais râblé, sibyllin et intense. Ils enchaînent « Lord Of Suffering », « Wormland », « Rust » et terminent avec « Empress Rising », ténébreux maillage super serré de gros fuzz et rythmique opaque. Ils me perdent un peu dans le manque de relief et la répétitivité volontairement alanguissante de certains passages mais ça maîtrise, ça joue fort, ça joue bien. À ce stade de la soirée on n’avait pas besoin de beaucoup plus.
Si j’adore KADAVAR, le dernier album m’avait laissée un peu tiédasse. Mais la magie du live, prodigieuse expérience d’ancrage, brutale et délicieuse intraveineuse d’extrait d’essence de vie pure, bouscule les certitudes et remet les compteurs à zéro. Ainsi « Skeleton Blues » m’explose au visage. Avec elle l’univers si caractéristique des berlinois : la chaleur, le groove et l’authenticité intemporelle d’un son qui parle à l’australopithèque en chacun de nous. Extrait de Rough Times sorti en 2017 également « Vampires », « Into The Wormhole », « Tribulation Nation » et le sublimissime « Die Baby Die ».
Autant d’occasion de faire voler en éclat les derniers bribes de doute : mon cerveau rend les armes, la prestation est extatique. Un seul extrait de Berlin : le puissant, sulfureux et hypnotique « Into The Night » d’Abra Kadavar, on retrouve « Eye Of The Storm », « Doomsday Machine » et le très emblématique « Come Back Life ». J’attendais avec impatience « All Out Thoughts »… que je n’ai pas eu. Déception effacée par les souvenirs indélébiles de « Living In Your Head », « Purple Sage », « Forgotten Past » et un final orgasmique autour de « Black Sun ».
Un très beau moment de rock n’ roll psyché/stoner charnel, accompli et super bien exécuté. Des visuels cabalistiques, un batteur tentaculaire, un son de guitare hargneux et viril, ne manquait peut-être que quelques décibels pour servir tant de talent… Nous repartons plein de gratitude et repu de bonnes vibrations vers de nouvelles aventures musicales.
Sheena