Depeche Mode, Marquis de Sade - Festival des Vieilles Charrues - 19.07.2018
Crédit photo :
© Jean
Date et lieu :
Festival Des Vieilles Charrues, Crahaix – 19 juillet 2018
Live report :
Les Vieilles Charrues ouvrent ce soir leur 27ème édition. Toujours vivant, plus que jamais, et complet tous les soirs (sauf ce soir), le festival breton s’offre une grosse tête d’affiche pistée depuis des lustres - Jérôme Trehorel, directeur des Charrues, évoque 5 ans de négociations - Depeche Mode. La réputation des britanniques n’est plus à faire. Stade De France, Bercy et autres festivals affichent souvent complets pour Dave Gahan et Martin L. Gore. Cette année, les festivals Beauregard, Main Square, Lollapalooza et Musilac accueillent déjà Depeche Mode… dur donc d’afficher complet pour un artiste dont le cachet dépasserait le million d’euros. Mais il y a du peuple et le Gwenn ha du en strings est toujours dans les rangs. Le reste, on s’en fout.
Pour ouvrir, on débarque sur la reformation des cultissimes Marquis de Sade venus chauffer à blanc les quadras (presque quinquas) nostalgiques et dégarnis des eighties. Difficile de rentrer dedans. Le son est réglé au poil de mammouth près (c’est dire la fluctuation) et leur rock new wave empoigne difficilement le public encore majoritairement à jeun. Sauf un, on a évité Raoul de peu… Sympas, élégants et souriants mais exigeants musicalement et assez hermétiques dans l’émotion, les rennais parviennent difficilement à soulever la foule… Malgré de vieux relents punks et une envie d’en découdre, le set ne décolle pas. Et nous, on décroche.
La plaine de Kerampuilh se massifie devant la main stage qui attend, plutôt patiemment, la venue des ducs de Basildon. Les écrans s’allument, une intro discrète démarre et le groupe lance « Revolution ». Pas de doute, le son très synthétique de Depeche Mode envahit la plaine et Dave Gahan empoigne férocement le public. Sans être particulièrement loquace, il entraîne la foule dans leur univers sexy-froid et suggestif (jamais vu un type se frotter autant à son pied de micro !). Les écrans projettent en fond un paquet de vidéos bien fagotées mais qui tirent parfois trop l’œil par rapport à la musique. On finit presque par voir un clip en live ? Ce concert est finalement assez contradictoire. D’un côté, le public est dedans, complètement embarqué et de l’autre, il manque quelque chose. Un soupçon d’émotion (à la Springsteen) ? Un coup d’éclat qu’on n’avait pas vu venir (Arcade Fire, 2007) ? Un bordel organique un peu choquant mais tellement grisant (Neil Young & The Crazy Horse) ? Difficile à dire, c’est un bon concert, une grand-messe avec des paroissiens acquis à leur cause… mais pas grandiose. Sorry.
Pour planter le décor, je ne suis pas un fan originel de Depeche Mode. Je ne l’étais pas plus de Nick Cave, 15 jours plus tôt à Rock Werchter. Mais ce mec m’a transporté, il a enrôlé la foule dans son prêche, sorte de catalyseur avec une poésie déglingos. Ici, Depeche Mode a déroulé la partition, s’est affairé avec strass (le budget Sephora est costaud !) et énergie, mais n’a pas pêté les plombs. Bien entendu, « Personal Jesus » annonçait le premier rendez-vous FM, mais c’est l’inénarrable et magnifique « Enjoy The Silence » qui sonne la première (et la dernière) bonne sortie de route avec la partie funky de Martin L Gore sur sa guitare. La fin est simple, populaire, sur un titre pourtant indigeste : « I Just Can’t Get Enough ». La bonne nouvelle, c’est qu’on n’a pas passé une mauvaise soirée. La mauvaise, c’est que 5 ans de négo, c’est long.
Jean
Setlist :
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