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Arcade Fire - Zenith de Paris - 03.06.2014

**Crédit photo :

© Sigried Duberos Date et lieu :**

Zénith de Paris - 03 juin 2014

Live report :

Des billetteries dévalisées, du marché noir à foison, un public massivement présent pour, au final, deux soirées archi complètes… Il n’y a aucun doute, Arcade Fire joue dans la cour des grands, des très grands. Mais, outre ces chiffres de ventes vertigineux, le statut de tête d’affiche à Coachella et Glastonbury – quand même ! – les canadiens iconiques ont surtout quatre albums grandioses à leur actif et un répertoire redoutable de qualité qui va avec.

Après un passage remarqué au Pavillon Baltard fin d’année dernière, Arcade Fire venait défendre le colossal Reflektor au Zénith (seules dates françaises, pas de festival !). L’équipe type sur pied, Rocklegends s’arme de quelques accessoires délirants pour honorer cette tournée, un godet à la main (on connaît rien d’autre qu’Heineken dans ce foutu pays ?) et prend place en fosse. Là on est bien tintin, calé entre deux-trois bobos qui sentent la rose, jean slim et godasses pointues. Mais force est de constater que le taux de déguisements est bien en dessous qu’à Baltard… Le temps d’épiloguer comme des vieux combattants à peine imbibés sur les Beatles, les Stones, les Doors et les autres, la lumière s’éteint, le voile tombe et Win et Madame prennent place avec le groupe. Première bastos dans les tympans, le groupe lâche un « Reflektor » fédérateur qui met le public en transe, les gradins se transforment en fosse… La grand-messe aura bien lieu. L’éventail de hits se déverse peu à peu, enchaînant les plus belles pièces d’une discographie indiscutable. Le cœur et la tête en prennent pour leur grade, « Neighborhood 1, 2 et 3 » seront jouées, « No Cars Go », « Afterlife », « We Exist » ainsi que de beaux moments plus pondérés comme « My Body Is A Cage », « The Suburbs » et « It's Never Over (Oh Orpheus) ». Le groupe est méchamment en place, tout est rythmé et majestueusement interprété à dix sur scène ! En place ? Oui, presque un poil trop, le petit grain de folie et l’immense joie habituellement dégagée par la bande sont un peu atténués au profit d’un show plus calibré.

Mais il n’empêche, techniquement, c’est une claque. Les musiciens font tourner leurs instruments, passant de l’un à l’autre, basse, guitare, clavier, batterie… Régine (Chassagne hein, pas l’autre…) joue aussi un rôle fondamental, comme toujours, une sorte de reflet féminin qui donne le change à Win. Notamment sur la version extrêmement sensuelle de « It's Never Over (Oh Orpheus) » où Régine se trouve dans le public sur une scénette en face du chanteur. Le show monte encore crescendo au fur et à mesure que des danseurs apparaissent sur la scénette puis, au moment du rappel, deux sosies des Daft Punk prennent place pour une version un poil ralentie de « Get Lucky » et surtout massacrée – volontairement j’imagine – par William Butler au piano. C’est quoi ce bordel ? Pas le temps de remettre les neurones dans l’ordre, le groupe lance une version sulfureuse et outrageusement rock & roll de « Normal Person » puis une reprise de « Controversy » de Prince avant « Here Comes The Night Time » et l’inévitable déferlante « Wake Up » au final. L’affaire est pliée, le groupe a accompli son prêche avec brio mais un poil d’âme en moins que ce qu’on leur connaît. Par contre, quelle setlist !

Sur le retour, égarés dans les rues de Montparnasse, un taxi nous cueille pour nous jeter à l’hôtel. Le temps de débattre sur Metronomy, The Temples et Part Company, les chapeaux bleus toujours ancrés sur le crâne, le chauffeur nous tue pour la nuit : « Je ne savais pas que les Schtroumpf s’y connaissaient en musique »… douchés !

Jean Jean


**Setlist :

**Retrouvez la setlist du concert.

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