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dEUS, Archive, Måneskin, Declan McKenna, Yard Act... - Rock Werchter - 05.07.2024

Crédit photo :

© Jean : Tom Morello sur la scène The Barn

Date et lieu :

Rock Werchter Festival – 05 juillet 2024

Live report :

Aujourd’hui, nous allons nous gaver. En cumulé, nous avons assisté à 9h de concerts sur une seule journée… A la sortie, pas d’indigestion, aucun trouble digestif, ni ballonnement, c’est la magie du Werchter et de sa cohérence de programmation !

Yard Act : que jeunesse se fasse…

Premier concert de la journée, Yard Act débarque sur la scène couverte Klub C, 6000 places environs. Les Anglais vont enchaîner pendant 40 minutes leur post punk plein de groove infectieux avec une énergie débordante. James Smith au chant est absolument intenable, bien épaulé par ses deux choristes qui alternent chœurs et danse contemporaine ! Les lignes de basse sont bien charpentées, la guitare s’affaire grave durant tout ce temps avec une excellente maîtrise, entre lignes mélodiques et rythmiques dansantes. Le set s’équilibre pas trop mal entre les deux albums et contient du lourd, du bon : « We Make Hits », « Down By The Stream », « Dream Job » et un final avec « The Overload » sous amphétamines, l’excellente et paisible « 100% Endurance » et « The Trench Coat Museum ». Sur cet ultime titre, Yard Act crée les conditions d’un dancefloor, James Smith bidouille des sons pendant une grosse démo de danse contemporaine des choristes qui finiront dans le « couloir » qui mène à la console centrale. Ce vendredi commence avec du lourd !

Un poil plus tard dans l’après-midi, c’est Gary Clark Jr qui prend place sur The Barn, la grande scène couverte. Durant une bonne heure, le Texan distille son blues électrique avec un groupe de fins bretteurs. Sa musique s’étire et joue entre les lignes de différents styles, du blues aux riffs hard, des ambiances jazzy (« Feed The Babies »), de la soul et du funk (« Feed The Babies »), des rythmiques reggae taillées à la fuzz (« Beight Lights »). Bref, on y retrouve tous les codes de la musique afro américaine dans toutes ses latitudes. Si le live transpire la passion et le bon goût, il n’est pas vraiment servi par un son un poil trop brouillon qui manque de contours.

Tom Morello : mur du son !

C’est ensuite Tom Morello qui lui succède, toujours sur The Barn. L’ex-Rage Against The Machine est venu accompagné d’un groupe, complètement boosté à la testostérone, jouant avec une intensité brute. Ils rentrent sur « Soldier In The Army Of Love », single de son futur premier album solo. La suite de la setlist alterne les grands riffs cultes de Rage Against The Machine en instrumental (les medleys de « Testify / Take the Power Back / Freedom » et « Bombtrack / Know Your Enemy / Bulls on Parade / Guerilla Radio / Sleep Now in the Fire / Bullet in the Head / Cochise ») – le public exulte – et des titres d’Audioslave chanté par son guitariste-chanteur. IL s’en tire avec les honneurs sans être grandiose. Au passage, ils reprennent "Kick Out The Jams" du MC5 avec Thomas Raggi de Måneskin en guest. Nous partons à ce moment pour rejoindre Declan McKenna, de loin on entend l’immense rouleau compresseur « Killing In The Name » chantée uniquement pat le public… Tom Morello est vraiment le guitariste le plus épatant de sa génération.

Declan McKenna : pop exquise…

Declan McKenna remplit à ras bord le Klub C. Pour l’avoir vu à Nantes en 2022, j’en attends plutôt un excellent concert de pop bien tramée et un univers onirique très personnel. Declan McKenna choisit une setlist très dansante, qui laisse la part belle à son troisième album, puise également quelques titres du premier album et moins du second. C’est un sentiment très ambivalent car d’un côté il livre un très bon concert à la fois très pro, très bien joué, clairement enjoué… bref réussi. Le (jeune) public est embarqué, en ébullition et il y a de quoi. D’autant que la scénographie très pop acidulée offre un grand élan de bonne humeur et de partage. Mais, je ne rentre pas définitivement dedans malgré une ambiance des grands jours. Il me manque l’envoûtement du deuxième album, plus contrasté dans les atmosphères, avec une petite once supplémentaire de nostalgie dont « Be An Astronaut » serait l’apothéose… Je respecte cependant le choix artistique.

dEUS : classe absolue

Pas le temps de respirer, c’est immédiatement dEUS qui entame son set sur The Barn. Ici, chez eux, en Belgique, en région Flamande. Nous parlons de l’un des plus grands groupes de rock belge, d’un des groupes les plus classieux au monde, capable de tisser des chansons admirables. dEUS entame sa setlist parfaite sur l’hypnotique « How To Replace It », suivie de « Quatre Mains » et « The Architect ». Mais c’est au milieu du concert sur « Instant Street » que tout bascule ! Bien entendu, derrière la beauté sidérante de ce titre, se cache une fin en déluge qui fracasse l’auditoire ! S’en suivent des titres comme « Fell Off the Floor, Man », « Sun Ra » qui déboîtent ! dEUS dépose les armes durant « Nothing Really Ends » avant le trio final entamé par « Little Arithmetics », suivi par l’immense et intense « Bad Timing » et la pépite « Suds & Soda » reprise en chœurs par le public Belge !

Certainement LE concert de cette journée abondante. Quelle claque !

Archive : jubilation rock !

Nous adorons pouvoir directement rejoindre Archive sur la scène Klub C, avec une petite appréhension après la claque et l’énergie reçue pleine poire avec dEUS. Comment Archive va aborder son set ? C’est terrible, car nous prenons une nouvelle baffe sur l’autre joue ! Le collectif sort une vraie setlist de festival. Très vite, après avoir posé l’ambiance sur « Lights », les Anglais embrayent sans temps mort sur une version très énergique de « The False Foundation » et son électro syncopée. Puis les premières notes de « Fuck U » résonnent devant le public de Werchter, le versant rock d’Archive tamponne dur avec ce riff puissant. Les Anglais maîtrisent parfaitement son set ce soir et s’offrent une version à rallonge de la merveilleuse « Again » avant de refermer le livre du Werchter sur « Bullets », dans une grande jubilation collective !

Måneskin : branleurs branchés…

Ce soir, sur la main stage, c’est Måneskin qui prend la tête d’affiche. Les anciens vainqueurs de l’Eurovision jouaient à 16h ici au Werchter, il y a deux ans… l’ascension est fulgurante. Clairement, ce que produisent les Italiens sur album ne me branche pas mais sur scène, le groupe envoie du copeau, parfaitement rôdé avec un Thomas Raggi qui part dans des déluges de solos, parfaitement soutenu par Ethan Torcio à la batterie et l’indomptable Victoria De Angelis à la basse. Au milieu, Damiano David s’active dans tous les sens, provoque et capte la foule. C’est propre, un poil trop peut-être, mais le public est séduit. La petite série de hits fait le taff, sans Morello sur « Gossip », mais « Zitti E Buoni », « Supermodel », la reprise de « Beggin’ » et « Kool Kids » - avec un joyeux bordel de fans sur scène - embarquent le Werchter. Chose étonnante pour une tête d’affiche, Måneskin jouera deux fois « I Wanna Be Your Slave », dont l’une au rappel… Et chose positive pour le groupe, il ne mise pas sur une scénographie de dingue, mais plutôt sur l’alchimie et l’énergie naturelle.

Bref, une journée dantesque et mémorable.

Jean

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