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dEUS, Triggerfinger, The Teskey Brothers, DeWolff, Dirty Honey... - God Save The Kouign, Penmarc'h - 23 & 24.06.2023

Date et lieu :

God Save The Kouign, Penmarc’h, Finistère – 23 & 24 juin 2023

Live report :

Tu connais l’alignement des planètes ?

Peut-être que ça n’existe pas. Mais nous, on sait que si. Et les 5000 pélos qui ont foulé sur deux jours le site du festival God Save The Kouign, eux aussi savent que ça existe. Ici, à Penmarc’h, sud Finistère, Bretagne, France. Deux jours de folie, de ciel bleu azur, de températures méditerranéennes, huile de coco et Monoï en moins, mais des plages de sable blanc aux eaux turquoise à perte de vue.

Tous ces groupes Belges, Californiens, Hollandais, Australiens, Vendéens… eux aussi le savent, plus que jamais ! Baignade et surf pour la plupart d’entre eux – oui Madame ! - et une banane indécrochable sur scène. Tom Barman de dEUS a littéralement halluciné…

Mais voici la vraie question, pardon pour les organisateurs : est-ce vraiment un festival ? Pas une demi-seconde d’attente à l’entrée, des bénévoles tout sourire, des mecs de la sécu hyper agréables, aucune queue pour la galette saucisse, pas plus pour la Morgane Bio. Le camping est un green, les toilettes sont propres, les douches aussi… C’est scandaleux, tout est trop simple (ironie, quand tu nous tiens) ! Le pitch est digne d’une brochure publicitaire ! C’est le pied bébé.

Après The King Doctors, groupe de reprises convaincu sur la petite scène, ce sont les hollandais de DeWolff qui empoignent la grande scène sous chapiteau. Orgue Hammond, Gibson Les Paul et batterie qui claque, ces mecs-là connaissent parfaitement le job et, cachés derrière un classic rock presque évident, ils mettent un groove d’enfer avec leur feeling soul. Non seulement ça joue bien mais, clairement, ces trois-là ont le feu sacré et prennent le public à la gorge jusqu’à l’assaut final et démentiel, leur titre poupées russes, « Rosita », morceau de bravoure de plus de 16 minutes ! Première claque, ça réveille !

Trois pichets plus tard, c’est dEUS, tête d’affiche du soir, qui s’empare du grand chapiteau. Les Belges sont assez rares en France… la dernière fois que j’ai eu l’occasion de les voir, c’était sur la Green Room du Main Square Festival en 2013. 10 ans plus tard, le rock complexe de dEUS se trimballe avec toujours autant de personnalité. Parmi les titres introductifs, les Belges lâchent le merveilleux groove froid de « Constant Now » puis le riff dément d’« Architect ». C’est définitivement lancé ! Le très charismatique Tom Barman est en forme, dEUS démontre encore toute son influence sur le rock Belge, et son style iconoclaste et inventif. Le batteur est stratosphérique, Mauro Pawlowski à la guitare amène toujours cette touche si singulière et ingénieuse. dEUS dissémine des titres de How To Replace It, leur dernier album en date et un bon florilège de grands classiques (« Sun Ra », « Fell Of The Floor Man ») dont l’immense « Instant Street », montée en puissance par excellence jusqu’au déluge final purement jouissif ! Le final est un délice. Comme je suis tatillon, j’implore dans ma tête Tom Barman de mettre moins d’effets sur sa voix… ce qu’il exécute gentiment sur « Love Breaks Down », poignante ! L’inévitable pépite « Quatre Mains » prend la relève, putain de chanson avant « Suds And Soda » qui clôture au dernier moment… en faisant sauter l’immense « Bad Timing », grande absente du soir (contrairement à ce qu’indique la setlist du site Setlist.fm. Mais quel concert !

Il faudra attendre maintenant à peine deux pichets et demi avant de voir les monstres scéniques Triggerfinger avec leur nouveau bassiste. Le groupe monte à l’heure, 00:00. Et c’est une déferlante de stoner rock belge qui s’abat inéluctablement sur le chapiteau. Le son est massif, comme toujours, rythmé par la batterie ultra corpulente de Mario, la basse saturée du nouveau troisième homme et la guitare monstrueuse de Ruben. C’est précis, c’est clairement un immense cran au-dessus de tous les groupes de classic rock que nous verrons le lendemain en termes de construction mélodique et de son. On en ramasse plein les esgourdes à coup de sulfateuse à riffs, « By Absence of the Sun », « Perfect Match », « Black Panic » et bien entendu, vous ne partirez pas sans la grosse taloche de « On My Knees » ? Bim ! Serveur ? On va remettre la même chose ! Ok. « Colossus » sur la joue gauche et « All This Dancing Around » sur la droite ! Ouch, le trio se retire avant le medley final de « Man Down » (Rihanna) / « Kashmir » (Led Zeppelin). Colossal !

Round one, fight ! You win, perfect.

La deuxième journée commence sous un bon vieux cagnard des familles, alignant les 30° au sommet de la journée. La mer est fraîche, la bière aussi, tout va bien. Pour être transparent, musicalement, ce deuxième jour ne transcendera pas le premier.

Tout commence avec les Californiens de Dirty Honey qui assurent certaines premières parties de Guns N’ Roses sur la tournée américaine. Du bon vieux rock biberonné aux Aerosmith et autre Black Crowes. Le chanteur a une pure voix à l’ancienne, chemise ouverte et guiboles de culturiste façonnées à Venice Beach. Ça joue, ça harangue à l’américaine, mais le guitariste passe sa vie à mitrailler des solos de branlage de manche sans âme. Bon. Ça met dans l’ambiance.

Un peu plus tard, toujours sous le grand chapiteau, c’est la tête d’affiche du soir qui s’apprête à entrer. Les Australiens des Teskey Brothers sont une sacrée belle prise pour le festival. A peine le groupe pointe le bout de son nez – surtout Josh Teskey – le public est en ébullition. Dingue. Le groupe entame son rock bien arboré de soul, quasi-gospel, et le parterre de bretons répond du tac au tac. Et même si la voix est véritablement exceptionnelle, presque chamanique, la première heure de show est plutôt mollassonne et donne l’impression d’entendre le même morceau en boucle… Il faut attendre la dernière demi-heure lancée par un solo Floydien plein d’émotion du frangin Sam Teskey pour provoquer un final à la hauteur ponctué par « Hold Me » quasi a capela, chanté avec les chœurs du public. Le lendemain, les frangins Autraliens jouaient à Glastonbury, la classe.

Derrière, sur la petite scène à la cool, nous avons entendu parler des jeunes phénomènes de Dynamite Shakers, directement venus de Vendée braver les terres bretonnes. Come on. Putain, c’est qui cette brochette de minots survoltés ? Un croisement des Arctic Monkeys des débuts et des Libertines biberonnés à l’énergie des Fleshtones. C’est pied au plancher du début à la fin, c’est maîtrisé et avec un peu plus de nuances dans les années à venir, ces gamins vont remuer sévèrement l’hexagone.

Il est temps de conclure sur la grande scène avec les vétérans des Quireboys, dans un style éculé et là encore très proche d’Aerosmith. « Are you ready for some rock & roll » ? A coups de riffs de Telecaster de Guy Griffin, récent chanteur (mais guitariste historique du groupe) le show est lancé pour une heure de rock convenu, pas désagréable, joué par une petite armée de briscards bien rôdés. On n’a pas de quoi sauter au plafond mais pour finir un beau week-end, ça se laisse glisser comme un vieux Whisky.

Cette édition du God Save The Kouign, première sur deux jours, est une réussite totale. Coup de chapeau, et coup de cœur.

Jean

Retrouvez les setlists de dEUS - Dirty Honey

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