Deep Purple, Stooges, Bertignac... - Festival des Vieilles Charrues
Crédit photo :
Hervé LE GALL Cinquième Nuit
Deep Purple aux Vieilles Charrues
Date et lieu :
Carhaix - 22 au 24 juillet 2005
Commentaire :
_Vendredi: Deep Purple très hard !_
Cette année, les Vieilles Charrues ont réussi à surprendre avec une affiche toujours très éclectique, un panaché d'artistes français (Luke, Birkin, Mickey 3D, Bertignac...) et internationaux (Iggy & The Stooges, Franz Ferdinand, Blues Explosion...), complété, au dernier moment, par la venue des Kills et surtout de la légende Deep Purple... au final une bonne affiche 2005 !
Après deux jours passés sur la pelouse de Kerampuihl à Carhaix, voici un compte rendu de ces 36h de Vieilles Charrues, une épopée formidable :
Arrivée vendredi soir 20h10 ... nous avons raté des groupes comme Ba Cissoko, Buena Vista Social Club ou Sheer K, mais ce ne sont pas nos priorités. A l'entrée sur la petite scène (il y en a trois, plus divers cabarets), c'est le début de Hollywood Porn Stars, mais pas le temps, nous nous dirigeons vers la grande scène (avec un demi à la main), pour attendre les monuments de Deep Purple, pendant que Jane Birkin joue sa musique entre variété et musique orientale sur la moyenne scène (Kerouac). Pas notre truc... Quelques minutes avant le début de Deep Purple... nous sommes en transe, excités, (apeurés ?), curieux, (dubitatifs ?)... C'est pour nous une attente insoutenable !
Focus On Deep Purple : Amazing !
A 21h05, à l'heure, le groupe apparaît sous une sacrée ovation du public... Ian Gillan le chanteur est très classe, pantacourt, chemise blanche, pieds-nus, détendu ! Et le spectacle commence... immense ! La setlist est plutôt excellente et regorge de morceaux des années 70, principalement de Machine Head. Le spectacle est gigantesque, autant au niveau de l'acoustique (un mur de son !), que de la lumière et de la technique des musiciens... des virtuoses ! Arrivé à « Highway Star », l'enchaînement devient explosif : « Space Truckin' », « Smoke On The Water » (j'ai rarement vu le public des Charrues exulter à ce point sur une chanson d'un artiste international), et, au rappel, « Black Night », « Lazy » et un grand final avec « Hush ». Avec de superbes solos de guitare et d'orgue au milieu de concert, renforçant notamment l'admiration du public et la communication, Deep Purple a réellement frappé un grand coup à Carhaix. Ma préférence sur les deux jours ! ANTHOLOGIQUE !
Après ça, Erik Marchand & Rodolphe Burger constituaient un bon moment pour prendre une, deux ou trois bonnes bières! La suite, c'est la deuxième "tête d'affiche" de la soirée... New Order. Pas fan des années 80, on est tout de même intrigués par ce groupe au passé relativement glorieux. Seulement, après les trois premiers morceaux, les NO restent très fades, leur musique semble trop simpliste, et sur ces premiers titres, peu d'énergie et de folie live se dégagent... nous décidons alors d'aller voir Ghinzu qui va démarrer sur la petite scène, Xavier Grall.
Focus On Ghinzu:
Bonne idée que nous avons eu, tant les premiers espoirs placés dans ce nouveau groupe de rock indé Belges sont largement fondés. Un style original, un rock garage à la fois trippant et pêchu, une excellente voix de la part du chanteur, et un déhanché qui rappelle le King Elvis (dont ils reprennent un morceau en concert...). Le gars classe en costard ! La plus petite scène pour Ghinzu, certes, mais pas la plus petite ovation et affluence... le parterre est bourré de jeunes connaisseurs, et autres novices volontaires pour découvrir les Belges, qui ne déçoivent pas ce soir. Musicalement c'est bon, le spectacle est de qualité, le tout ponctué par le hit "Do You Read Me" vraiment parfait pour le live! Excellent! ANTHOLOGIQUE !
Focus On Luke:
Pas le temps de traîner, Luke a déjà entamé sa première chanson sur la scène Kerouac... Les soit-disant nouveaux Noir Désir français vont délivrer, à notre sens, un spectacle bien pauvre musicalement, pêchu, certes, mais réellement brouillon et peu intéressant (soit dit en passant, notre collègue Alain les aura trouvé à son goût, et c'est son droit!). Personnellement, je ne pense pas que le groupe soit à -même de faire oublier Noir Désir un jour. Leur jeu de scène est bien pauvre, et le style "je fais un max de bruit pour bien exploser tout le monde", ca ne prend pas vraiment... De plus, il a grillé ses plus belles cartouches "Soledad" et "La sentinelle" dès le début du show... Reste à la fin une reprise de la Mano, ratée...! Une déception!
Ce soir là , on finit la soirée sur le dernier groupe du jour: LCD Soundsystem... difficile à chroniquer pour moi, je suis loin d'être adepte, et donc pas un fin connaisseur, en tout cas, je n'ai pas aimé... encore un concert pour une, deux ou trois bière... et le site s'éteint peu à peu... Et voilà déjà pour le vendredi...
_Samedi: "We are the Fuckin' Stooges!!"_
Peut-être, dans son ensemble, l'une de mes meilleures journées Carhaisiennes depuis 2001, ma première année au Festival (même si pluvieuse pour la première fois!). Arrivée 14h sur site, après s'être baladés toute la matinée dans Carhaix, écoutant les festivaliers chantonner encore « Smoke On The Water », nous nous dirigeons vers la scène Kerouac. 14h35, Laëtitia Sherrif entre en scène en ouverture de la journée: visage angélique, voix de satin... quelques chansons dynamiques, mais ça reste gentillet, assez planant et peu original. Après avoir traîné du côté du village et de la petite scène, nous revenons vers 16h45 du côté de Kerouac, pour le Devendra Banhart Band.
Focus On Devendra Banhart Band:
Et là , voici notre plus grosses surprises, notre découverte de cette édition 2005. Mené par Devendra, ce groupe américain, faiseur d'une pop 60's, avec 3 guitaristes et chanteur, un bassiste et un batteur teigneux. Techniquement, les musiciens sont bons, les musiques originales et entraînantes, entre folk, blues et pop 60's, le mélange est parfait. Surtout que leurs timbres de voix, tous différents, s'harmonisent à merveille! La communication avec le public est excellente, et Devendra fait même monter un jeune festivalier pour le faire jouer et chanter... le jeune Tom fait un succès, l'ambiance chaleureuse des Charrues ressort à nouveau! Une sensation forte, ça c'est sûr pour un groupe épatant sur scène !
C'est l'heure d'Amadou & Mariam... la pluie bat encore, et les nouvelles coqueluches de la musique du soleil commencent leur show. Musicalement, rien à redire, c'est excellent, et Amadou manipule sa strato rouge comme un dieu. Mais d'un point de vue chant et paroles, j'ai vraiment beaucoup de mal à accrocher... on ne s'attarde donc pas au concert. Le temps de boire un coup avec deux groupes de potes que l'on rencontre et Jamie Cullum investit Kerouac.
Focus On Jamie Cullum:
Notre demi se met à trembler et nos oreilles à frétiller lorsque l'on entend les première notes jazzy du jeune homme. Ne connaissant pas l'artiste nous nous approchons, pour écouter encore l'une de nos grosses découvertes de cette édition. De compositions jazzy à des chansons plus intimistes (uniquement jouées au piano ou à la guitare sèche), le jeune artiste fait tomber le public sous le charme, discute quelques mots de français et met un peu de chaleur sous ce temps humide... et ce jusqu'à cette superbe reprise (et osée) de Jeff Buckley... un larme en coule encore sur ma joue! Merci Jamie...
Focus On Mickey 3D:
C'est au tour de Mickey 3D de monter sur Glenmor... la plus grande scène de concert d'Europe! Alors quel avis sur l'un des groupes français « alamode » ? Version studio, je suis obligé de dire que je ne suis pas très convaincu... et version live non plus. Ils ont beau être assez populaires, le chanteur ressemble plus à un supporter de foot venu enchaîner une série d'accords simplistes sur une (superbe!) Strato, avec des musiciens assez transparents derrière... loin d'être transcendant. S'il ne faut pas toujours rechercher l'extase technique dans la musique, je trouve que Mickey 3D a quand même beaucoup de mal à faire passer le courant. Pour être objectif, le chanteur manque de charisme, de voix, et de quelque chose de suffisamment énigmatique pour être artiste (avec des paroles très légères)... mais il faut reconnaître son plaisir à jouer aux charrues, et un bon refrain punk sur le morceau « Il Faut Que Tu Respires »... un public assez conquis mais une prestation qui n'est pas mémorable pour autant!
Et puis surtout, voici venir la claque française de cette édition 2005: Louis Bertignac.
Focus On Bertignac :
Un artiste généreux, habité par le rock n' roll et la passion de la guitare, des gens, de la musique et du partage. Sur sa Gibson SG rouge, il déverse une tonne de riffs, de solis et autres solos ravageurs sur des morceaux bourrés d'émotion. Il chante mieux que ce que je pensais, et n'hésite pas à en rajouter à la guitare, tel un guitar heroe... Les « Cendrillon » et « Un Autre Monde », n'effacent pas ses magnifiques morceaux perso que Lou Lou chante avec un sourire et des yeux brillants de milles feux! Un enfant toujours excité de jouer devant du monde... beaucoup de monde! Et puis nous sommes obligés de partir juste avant la fin... pour aller se placer devant la grande scène pour les Stooges ! ANTHOLOGIQUE !
Focus On The Stooges :
Et là c'est énorme ! Annoncés par Ray Cox, « Ladies And Genlemen, Iggy And The Stooges! ». Iggy et les Stooges arrivent ensemble, le chanteur est surexcité comme d'habitude et le spectacle commence! C'est presque une 1h20 de son saturé, de punk à l'état pur de rock n' roll baveux que nous offre le groupe, avec une verve que seul Iggy peut avoir. Lancés de micro, sauts dans le public, explosion sonique... Ron Asheton est imperturbable à la guitare pendant que le bassiste envoie une tonne de lignes de basse hallucinantes ! J'ai rarement vu un jeu de basse comme celui-ci ! Ils balancent leurs plus gros morceaux de « 1969 » à « Dirt », de « No Fun » (avec une 20aine de festivaliers sur la scène !) à « I Wanna Be Your Dog ».. manquaient bien « Raw Power » et « Search And Destroy »... Les Stooges sont de retour, les Stooges sont grands! ANTHOLOGIQUE !
Juste le temps après pour nous de passer au bar VIP et de quitter les Charrues pendant les Kills... Une excellente année finalement!
Jean Jean