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Songs Of A Lost World

The Cure

Pistes :

  1. Alone
  2. And Nothing Is Forever
  3. A Fragile Thing
  4. Warsong
  5. Drone:Nodrone
  6. I Can Never Say Goodbye
  7. All I Ever Am
  8. Endsong

Musiciens :

Robert Smith (chant, guitare, claviers) - Simon Gallup (basse) - Jason Cooper (batterie) - Roger O'Donnell (claviers) - Reeves Gabrels (guitare)

Date de sortie :

1er novembre 2024

Chronique :

Cure de jouvence

« La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste' » disait Victor Hugo. On ne saurait résumer plus clairement le nouvel album des Cure : Songs Of A Lost World'. Alléché par le single « Alone » sorti il y a quelques semaines, 16 ans après le précédent album (4:13), et 45 ans après le premier, on se retrouve devant le 14ème album des Cure avec un plaisir non dissimulé.

Première sensation, la voix de Robert Smith a gardé toute son unicité : il fait partie de ces (très) rares organes qu'on ne met pas 2 secondes à reconnaître.

Toujours la même fragilité latente, toujours la même mélancolie trainante et, pour tout dire, toujours la même émotion à l'écouter.

Remis en mémoire très récemment par la BO de « L'Amour Ouf » de Gilles Lelouche avec le mythique « A forest », replonger dans leur discographie ne fait que souligner, s'il en était besoin, à quel point The Cure est un groupe majeur de l'histoire du rock. Qui n'a pas vécu en direct l'émergence de la New Wave via l'explosion du phénomène The Cure aura peut-être du mal à le percevoir aujourd'hui.

Et pourtant, quand The Cure sort, en seulement 3 ans (de 1980 à 1982), ces 3 albums : Seventeen Seconds, Faith et Pornography, ils font décoller de façon exponentielle le style.

Rythmique hypnotique, synthétiseurs, bien sûr, mais aussi guitares et la mise en avant de la basse, la noirceur poétique du propos et le look lanceront véritablement la New Wave version Gothique. Une révolution après l'avènement des gros dinosaures de 70 (Led Zep et consorts), du punk des Pistols et autres Clash mais aussi de l'omniprésent et flashy disco du début des 80's.

Ensuite, ce n'est qu'un invraisemblable nombre de succès, « Close To me » « In between days' », « Just like Heaven » etc… avant de glisser lentement vers un relatif anonymat depuis le milieu des 90's malgré, de loin, en loin, des albums tout à fait fréquentables mais au succès moindre. The Cure n'a toutefois pas cessé de tourner et garde aujourd'hui encore, une très grosse cote dans les festivals.

Songs Of A Lost World est un album qui prend son temps : longues intros instrumentales low tempo à l'image du titre d'entrée « Alone », sur lequel Robert Smith nous entraîne ensuite avec sa voix si caractéristique dans un magnifique questionnement existentiel. Même principe sur le sublime dernier titre « Endsong », 6 minutes d'instrumental qui vous transporte tout doucement jusqu'à l'éblouissant final « épitaphe » d'un Smith plus émouvant que jamais.

La mélancolie, si présente durant tout l'album, n'est pourtant pas plombante mais porterait plutôt à la tranquillité de l'esprit et à la contemplation. Les Cure n'en oublient pourtant pas qu'ils forment un groupe de rock qui sait envoyer du bois, les guitares sont archi présentes (l'apport de Reeves Gabrels notamment) et mêmes tonitruantes (« Warsong », « Drone:Nodrone »). Ils n'en oublient pas plus de torcher un excellent et « tubable » titre plus facile d'accès (« All I Ever Am »).

Pour tout dire, non seulement pas un seul morceau faiblard dans cet album, mais surtout un immense plaisir à écouter l'ensemble dans sa continuité. Robert Smith a annoncé récemment que cet album n'est qu'une première partie d'une probable trilogie (déjà enregistrée depuis 2019). Il annonce aussi penser repartir en tournée en 2026 ...jusqu'en 2029, année de ses 70 ans (après quoi, il songerait à se retirer).

En attendant, profitons encore quelques années du talent hors norme du bonhomme et de la remarquable cohérence des Cure dans le temps.

Lanig

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