Song Machine, Season One : Strange Timez
Gorillaz
Pistes :
- Strange Timez (Ft. Robert Smith)
- The Valley of the Pagans (Ft. Beck)
- The Lost Chord (Ft. Leee John)
- Pac-Man (Ft. ScHoolboy Q)
- Chalk Tablet Towers (Ft. St. Vincent)
- The Pink Phantom (Ft. 6LACK & Elton John)
- Aries (Ft. Georgia & Peter Hook)
- Friday 13th (Ft. Octavian)
- Dead Butterflies (Ft. Kano & Roxani Arias)
- Désolé (Ft. Fatoumata Diawara)
- Momentary Bliss (Ft. Slaves & slowthai)
Musiciens :
Damon Albarn – Robert Smith – Beck – 6LACK 6 chai 6 6 Peter Hook - Fatoumata Diawara - …
Chronique :
En préambule, il faut appréhender Song Machine, Season One : Strange Timez de deux manières : la version classique, resserrée sur 11 titres, et la version deluxe avec ses 17 titres. Nous nous focalisons ici sur la version resserrée, l’édition deluxe traîne en longueur et dilue à notre sens la puissance créative de l’ensemble.
Le plus fort dans tout ça, c’est d’avoir réussi un tel projet collaboratif en 2020, année de la distanciation sociale absolue. Le travail avait été entamé avant la pandémie, mais il a bien été mené tout au long de l’année pour sortir en ce mois d’octobre d’une année de merde pour la culture.
Dévoilé fin janvier, le premier single « Momentary Bliss » annonçait donc le projet Song Machine qui aboutit, ici, sur Song Machine, Season One : Strange Timez. Premier chapitre du concept, donc. Le groupe à géométrie variable mené par Damon Albarn et le bédéiste Jamie Hewlett replonge tête baissée dans l’expérimentation. Redéfinition de la pop moderne, Gorillaz incarne mieux que quiconque le melting pot (pop ?) musical et l’amalgame parfait de tous les courants, toutes les époques sans limite ni carcan. Ce nouvel album a été créé au fil de l’eau, laissant libre cours aux idées, coconstruites et abouties avec chaque « guest ». Le résultat offre une sensation étrange : sur le fond, chaque pièce donne la sensation d’être parfaitement dans l’ADN de Gorillaz, pourtant chacune d’entre-elle est différente et marquée. « The Pink Phantom » synthétise à lui seul tout cela. Une collaboration intergénérationnelle, où le flow nonchalant du rappeur américain 6LACK partage le chant avec la voix incroyablement chaude d’Elton John. Le premier titre, « Strange Timez » invite Robert Smith dans un fatras de piano et de samples électro pour livrer, au final, un grand morceau de cold wave des temps modernes. Beck, lui aussi, groove avec aisance dans cette pop sophistiquée qui lui sied à merveille avant une ballade classieuse façon « Arabella » des Arctic Monkeys : « The Lost Chord » avec Leee John. L’électro hip-hop est toujours de mise (« Pac Man », « Dead Butterflies ») et tellement identitaire de Gorillaz. Tout le monde connait également l’appétence d’Albarn pour les musiques africaines. Diamant brut absolu de cette première saison, « Désolé » invite Fatoumata Diawara sur un funk-soul tribal d’une puissance émotionnelle dingue ! Sans conteste l’un des sommets du disque.
Jean