Metallica - Some Kind Of Monster
Infos DVD :
Bonus: 40 Scènes Additionnelles, Interviews exclusives du groupe, Commentaires audio du groupe et des réalisateurs, 2 bandes annonces, Vidéo-clip de la chanson titre
Commentaires :
Voilà certainement l'un des « rockumentaires » les plus marquants de ces dernières années. Pur, brut, sans détour ni concession, sans faux-semblant, avec une puissance émotionnelle hors du commun… Un film qui caractérise parfaitement Metallica.
Joe Berlinger et Bruce Sinofsky, deux documentaristes chevronnés prennent en main le projet de suivre Metallica durant toute la création de l'album St Anger. Une époque difficile pour les Californiens, bien moins prolifiques que dans les années 80. Leur côte de popularité ne sombre pas mais les déceptions des fans s'enchaînent au fil des disques sortis après le Black Album. Load, Reload et Garage Inc. sont trop loin de leurs premiers amours, le trash métal qui déchaînait les passions avec un Metallica en maître du monde, des Horsemen maquillés en demi Dieux. Au début du nouveau millénaire, que reste-t-il ? Un groupe en panne de créativité, une réputation un peu amochée par son procès contre Napster, le départ de Jason Newsted, bassiste du groupe et des membres réellement fragilisés. Pour la remise en route de la dynamique du groupe, Q-Prime Management (le management du groupe) propose aux Californiens d'être suivis par un thérapeute… Some Kind Of Monsters retrace avec objectivité près de 900 jours de la vie de Metallica.
Difficile de recommander le film à tous les fans tant il franchit les limites et écrase les barrières… Les Dieux sont mis à nus, pétris d'angoisses, parfois au bord des larmes. Le sentiment de puissance s'efface devant l'impuissance. James Hetfield est perdu au milieu de ses vieux démons (angoisses, alcool et autres substances), Lars Ulrich est en conflit quasi permanent avec son chanteur et ne se retrouve plus sur la même longueur d'ondes, quant à Kirk Hammett, il fait le dos rond et attend de meilleurs jours. L'intimité est telle avec les membres du groupe que l'on se sent parfois mal à l'aise, lors des coups de gueule, des claquages de porte et des états d'âme de chacun.
Et puis, James Hetfield en père de famille, Lars Ulrich affecté et compatissant dans lors d'une (mémorable) entrevue à bâton rompu avec Dave Mustaine (jamais remis de son éviction du groupe), tout cela contraste avec l'image de rouleau compresseur sauvage de Metallica sur les plus grandes scènes du monde… Et pourtant, elle est certainement là la réalité d'un groupe de rock après 20 années de vie commune, de hauts et de bas, de gloires et de blessures. Ces mecs sont comme tout le monde… mais aussi très différents. Il sont écorchés vifs, directs (lorsque Lars Ulrich hurle un énorme « Fuck » au visage de Hetfield, la tension est énorme), en ébullition constante, en questionnement permanent. Entre les divergences d'opinion, les cures de désintoxication de James Hetfield, l'influence positive (et parfois moins, musicalement) de Bob Rock, l'influence des fans sur leur musique (qui a certainement conditionné un retour au trash), St Anger fût un album résolument difficile à pondre. Mais dans cette guerre contre eux-mêmes, les Californiens auront réussi à finaliser un album d'une dureté et d'une sauvagerie jamais revue depuis les années 80. Abrupt, sanglant et sans un seul solo de guitare (chose inimaginable pour les fans), St Anger fera couler de l'eau sous les ponts.
Technique et DVD :
L'image est impeccable et la caméra plonge le spectateur en immersion totale dans la vie du groupe. Peu d'images de concert et donc peu de véritables difficultés dans l'image à traiter (les noirs, les lumières, …). Some Kind Of Monster est très proche d'un film. Les bonus ne sont pas pléthoriques, mais l'essentiel réside clairement dans le documentaire !
Jean Jean