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Feu ! Chatterton - La Carène - 14.04.2018

Date et lieu :

La Carène, Brest – 14 avril 2018

Live report :

Deux ans après un premier concert bouillant à La Carène, Feu ! Chatterton revient avec un album absolument admirable dans les valises. L’Oiseleur, belle prouesse musicale, alchimie incontroversable de poésie, de femmes lubriques et de tissages musicaux magiques.

21h30, l’heure est au décollage. Raphael, l’extraordinaire batteur du groupe rappelait il y a quelques jours dans une interview avant leur concert au 106 de Rouen que « Le public est contemplatif pendant une grosse partie du concert et à la fin, on le rend fou ». C’était donc prémédité ? Car oui, le public brestois est exigeant, parfois impatient. Ici, rien n’a jamais été simple dans cette ville rasée par la guerre, recomposée depuis des années à la force du poignet pour en refaire une ville gracieuse en plus d’être fondamentalement accueillante. Ses habitants, ex-ouvriers de l’arsouille ou marins, entrepreneurs, artistes ou commerçants ont toujours mis les moyens pour construire leur vie. Alors oui, ce soir, malgré la première belle volée de chansons (« Ginger » en entame, suivie de « L’Oiseau » et de la fortement saluée « Côte Concorde »), le parterre exige plus. Pourtant le groupe est en place, miroirs tournants en fond et Arthur au story telling. C’est lui qui nous raconte leurs histoires et qui nous conte le fil rouge de la soirée. Théâtrale, drôle et bourré de traits d’esprit, il a vraiment quelque chose à part...

La suite s’enfile comme des RER un jour de trafic fluide (rare mais beau !). C’est hyper bien huilé (trop ?), lubrifié aux petits oignons et magistralement propulsé par un Raphaël absolument hors norme en fond. Seules les guitares manquent de volume et les basses sont un peu trop vrombissantes, ce qui dénature un léger poil la prestation. Sinon, tout est bon mais les brestois en veulent toujours plus, raillant amicalement « Allez les diesels ! » ce qui ne manque pas de faire rire le groupe. Et boom, le moteur chauffe et Arthur annonce la gueule de bois du dimanche. « L’Ivresse », presque autobiographique pour des brestois, met le feu. Plus loin, « La Mort Dans La Pinède » envoie les copeaux de pins avant que « Boeing » ne fasse littéralement décoller La Carène maintenant en ébullition. Les franciliens se retirent mais les brestois sont enfin chaud-bouillant, prêts à en découdre. Les applaudissements et hurlements crèvent le plafond. Le quintet revient, couteau entre les dents.

L’apaisement nous guette avec une belle version du « Souvenir » avant l’électro puissante de « Porte Z » et le rythme pêchu de « La Fenêtre ». Arthur sort de ses gonds et revisite une tecktonik improvisée sur l’intro de « La Malinche ». Le public pète un câble et cette version rallongée avec son break techno, ses lasers (spoiler, sorry…) et son final en trombe. Tout le monde fout le camp… avant de revenir sur le bijou absolu, la classe intégrale : « Sari D’Orcino ». No comment, juste écouter.

Adieu, adieu verger. La nuit est tombée sur cette belle soirée.

Jean

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