LCD Sound System, Ghinzu, Pixies, Bar Italia, Baxter Dury... - Rock En Seine - 25.08.2024
Crédit photo :
© Lanig : LCD Sound System à Rock en Seine
Date et lieu :
Rock en Seine – 25 août 2024
Live report :
Dimanche : Jour des Seigneurs
C'était pourtant mal parti. Dès le départ du train pour Paname, les portes du wagon refusaient de s'ouvrir. Mauvais présage !? Mauvais karma !? Fermeture des chakras ? Que nenni, les portes s'ouvrent enfin et on arrive, soulagés et chakras ouverts, à se projeter jusqu'au superbe site du domaine de Saint-Cloud ! On s'est fait sa petite time-line en scred, et croyez-moi, nom d'un petit bonhomme en mousse, on n'est pas là pour compter les statues. Pas une minute de libre dans le rétro planning.
Baxter Dury : poésie rythmique à Paris.
Et ça commence déjà très bien avec Baxter Dury et son spoken word inspiré. Sa voix grave jouant avec le contraste de sa choriste-claviériste, il délivre un set dynamique avec une très (trop ?) grosse rythmique. Baxter Dury est très en forme et, vraisemblablement très heureux d'être à Paris. Il termine, gesticulant tel un karatéka sous acide, sur l'excellent « These are my friends ». Sympa.
On va jeter une oreille sur la grande scène pour Giant Rooks, bon... Pas notre came dira-t-on pour ne froisser personne...
Zaho de Sagazan : symphonie poétique…
Retour sur la scène Cascade pour voir la grande révélation française de l'année, Zaho de Sagazan.
Mise en scène soignée, Zaho et sa bande donnent un très chouette concert avec, notamment, une superbe « Symphonie des éclairs » et une version boostée de « Tristesse ». Un univers qui, probablement, serait plus intéressant à capter en salle fermée car, pour un festival, son univers poétique reste complexe pour espérer faire vivre une foule bigarrée. Elle termine tout de même sur une fin de set plus électro/club qui réveille le public (« Dansez ») et une reprise de Bowie (« Modern Love »). Chapeau Madame.
Ghinzu : frisson électrique et temps suspendu
Mais voici que l'heure H arrive, on court vers la grande scène : place idéale, soleil, excités comme des ados à un concert de K-pop, nous voilà enfin devant nos chouchous belges : GHINZU is back !!!!
Découverts il y a 19 ans sur la petite scène du Festival des Vieilles Charrues, avec dans la tête la certitude que Blow, leur album de 2004 est un des plus grands albums de rock des 20 dernières années, inutile de vous dire que l'attente est énorme...
Enfin, les premiers accords de « Blow », justement, retentissent et évidemment, Ghinzu casse déjà la baraque à frites : s'enchainent « Cold Love », le bon gros blues de « Dragon », le superbe « Jet Sex » avec sa suite « Cockpit Inferno ». Pfouahh, à peine le temps de respirer et déjà voilà la sublime « Dragster Wave », quel bonheur, mais quel bonheur ! John Stargasm quitte son clavier et, dansant comme un zébulon, fait exploser le champ en balançant l'immanquable « Do You Read Me ». Ghinzu nous achève enfin avec « Until you Faint » et une version dantesque de « Mine » ! On crie ENCORE ! Non ! Pitié pour nos âmes !
Quoi ? c'est déjà fini ? C'est quoi ce bordel !? on n'a littéralement pas vu l'heure passer ! Ils reviendront, en rappel, pour finir par un « Forever » (cette fois, un morceau plutôt dispensable) ; on aurait plutôt préféré « The End of the World » mais on va se le garder pour la prochaine fois. OK mais pas dans 19 ans siouplé...
Bar Italia : crunchy guitars, luminous vibes…
Allez, pas le temps de pleurer, on retraverse le domaine pour suivre sur la petite scène les Londoniens de Bar Italia. Le trio s'est transformé en quintette pour la scène : 1 batteur peroxydé, 1 bassiste et 2 guitaristes qui se partagent les chants avec la jolie et tourbillonnante Nina Cristante. Leur post-punk biberonné à la fuzz , sorte d'hybride à mi-cheval (mouarf) entre garage à la The Kills, Sonic Youth et My Bloody Valentine, fait mouche. Les guitares au son bien crunchy tranchent agréablement avec la douce voix de Nina. Une fin d'après-midi parfaite pour prendre l'apéro tranquille sur la pelouse.
PJ Harvey : noir c’est noir…
On embarque une barquette de frite, direction la grande prêtresse mystique PJ Harvey, elle nous attend... Pour notre part, posté un peu loin sans doute, on n'a pas du tout réussi à rentrer dans son monde...Certains fans/spectateurs auront sûrement apprécié le set mais pour notre part et à en juger par le nombre de personnes rebroussant chemin avant la fin, ce ne sera pas le concert le plus fédérateur de la journée. L'ennui étant malheureusement le premier mot me venant à l'esprit. Respect total pour Polly Jean mais ce n'est pas un univers particulièrement attirant pour un tel festival à 20h.
Pixies : déflagration rock, surprises en Cascade
Et hop, téléportation sur la Cascade, où les Pixies remplissent la case laissée libre par The Smile (tournée annulée pour cause de maladie). Après les avoir vus en 2022 à Rock Werchter, sous la pluie, les Pixies, soyons honnête, je n'en attendais pas des caisses non plus. Et bien, tout faux, ils démarrent pied au plancher et ne faibliront plus guère jusqu'à l'incontournable « Where Is My Mind ». Bien sûr, ils ne se sont pas transformés en bêtes de scène entre temps mais ils ont délivré un concert bien plus rock, bien plus charpenté qu'en Belgique, une vraie bonne surprise finalement.
LCD Soundsystem : apocalypse électro, Paris en lévitation
Enfin, pour finir, la deuxième grosse claque de la journée et quelle claque nous ont mis les LCD Sound System ! Le temps de remonter la foule des Pixies, on se poste pas trop près, un peu par obligation pour cause de champ rempli (mais, il faut bien l'avouer, le recul nous permettra de jouir finalement idéalement du light show grandiose des Américains). LCD Sound system, groupe largement sous-estimé et surtout à peu près inconnu du public français, va nous retourner Rock en Seine comme une crêpe. Et ça commence tout de suite avec le robotique « Get Innocuous » qui attire la foule comme un Travolta sur le dance floor. L'électro punk de James Murphy et sa bande a un pouvoir magique incroyable : faire irrésistiblement bouger TOUT le monde de manière frénétique !
LCD a proprement inventé la manière imparable de faire du rock à guitares électrifiées sous des rythmes électro via une « vraie » batterie, une « vraie » basse et, bien sûr, des synthés... Les claviers, parlons-en, arrivent à mélanger les gros sons et des mélodies d'une rare élégance, quel talent. Et bien sûr, James Murphy, sorcier en chef, baguette magique à la main, scande ses mantras au milieu de la troupe. « I Can Change », « Tonite », « Losing my Edge », « Dance Yrself Clean », tout l'univers fantastique de LCD y passe, inarrêtable machine à chalouper. Viendront encore la furie rock de « Movement » ou encore le magnifique « New-York, I love You But You're Bringing Me Down » au final somptueux et bien sûr l'hypnotique « All My Friend » pour achever une foule subjuguée. Ce soir, Paris est magique et Murphy impose sa loi, celle de l'anti-gravité : sans fumée, sans alcool, tout le monde décolle. Les New-Yorkais que je revoyais, hasard des couloirs du temps, eux aussi 19 ans après, m'avaient laissé, à l'époque, complètement ébahi sur le champ des Vieilles Charrues ; rebelote cette année.
LCD Sound System est un formidable groupe, inventif, talentueux, absolument irrésistible sur scène. Dommage pour les malchanceux qui découvriraient leur existence aujourd'hui, il pourrait bien s'agir de leur dernier passage en Europe. Regrets éternels.
Lanig