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Ok Human

Weezer

Pistes :

  1. All My Favorite Songs
  2. Aloo Gobi
  3. Grapes Of Wrath
  4. Numbers
  5. Playing My Piano
  6. Mirror Image
  7. Screens
  8. Bird With A Broken Wing
  9. Dead Roses
  10. Everything Happens For A Reason
  11. Here Comes The Rain
  12. La Brea Tar Pits

Musiciens :

Rivers Cuomo (guitare, chant) - Patrick Wilson (batterie) - Brian Bell (guitare) - Scott Shriner (basse).

Chronique :

Mais je t’en prie Rivers Cuomo : prends le nom ultra célèbre d’un album génialissime d’un groupe fabuleux, et mets-le à ta sauce. C’est cadeau. Sors-le cet album, et sors en un autre trois mois plus tard tant que tu y es, (Van Weezer prévu pour mai 2021, sans rire) après tout, le dernier Weezer date de 2019, merde on a failli attendre ! (smile).

Comme d’habitude, le savant fou de la power pop n’en a fait qu’à sa tête. Et qui s’en plaindra : OK Human, sorti le 29 janvier 2021 est une perle de raffinement dont la beauté se mérite. Elle ne se révèle qu’à qui saura lire entre l’ironie de ses textes, le romantisme suranné de ses mélodies, et une orchestration bien plus chiadée qu’elle ne nous laisserait bien le croire...

La première écoute ne déchaine ni passion dévorante, ni révélation lumineuse. Comment ça CHIANT ? Me fais pas dire c’que j’ai pas dit. Voilà un album concept de 11 pièces « song cycle ». Sorte de déclinaison d’un même thème musical, une approche holistique déjà exploré entre autres par Marvin Gaye en 70/71 pour What’s Going On. Les 11 mouvements de ce qui pourrait être une BO de film ou un mini opéra défilent, étrillant jusqu’à la moelle un sentimentalisme naïf et enfantin, concrétisé par la surexploitation de violons et piano ; transcendé par le clavecin, les cuivres, orgues et autres harmonies vocales.

T’es cloué ? M’en parle pas.

Après quelques écoutes au casque, la magie se déploie et livre ses secrets. De la pop « crybaby », addictive et dégoulinante de sarcasme de « All My Favorite Songs », aux motifs roccocos poudrés de « Aloo Gobi » ou « Grape Of Wrath », en passant par le spleen théâtral de « Numbers » et « Dead Roses », le glamour 60’s euphorisant de « Screens », « Here Comes The Rain »... même les 24 secondes de « Everything Happens For A Reason » sont désarmantes de poésie de délicatesse.

Niveau Lyrics, Cuomo conserve la formule intégrale Weezer : humour caustique sur fond de ressentis personnels. On flirt de loin, désinvoltes, avec l’aveu de faiblesse dans « Mirror Image » dont les dernières 45 secondes, dépouillées, organiques, contrastent avec le faste pompeux du reste de l’album. Chaque détail de chaque morceau est désigné, texturisé, soigné. Impossible de pas faire le parallèle avec le Pet Sounds des Beach Boys (la femme qui vous écrit a été hantée par cet album jusqu’aux tréfonds de son âme pendant des années), ou avec une bonne partie de l’héritage des Beatles, notamment dans Bird With A Brocken Wing.

La fraîcheur de la soul de « La Brea Tar Pits » nous ferait presque oublier qu’elle parle d’un type au bout du rouleau embourbé dans le goudron de sa propre existence, toutes ressemblance avec l’univers de Brian Wilson et son goût du drame serait involontaire et purement fortuit... clap de fin.

Un album sublime ni plus, ni moins.

J’y suis allée en moonwalk : c’est vrai. Mais quelle belle surprise, quelle finesse, quelle authenticité. Et tout ça sans jamais trahir le « projet » Weezer toujours plus culotté, lucide et abouti.

Sheena

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