Typhoons
Royal Blood
Pistes :
- Trouble’s Coming
- Oblivion
- Typhoons
- Who Needs Friends
- Million & One
- Limbo
- Either You Want It
- Boilermaker
- Mad Visions
- Hold On
- All We Have Is Now
Musiciens :
Mike Kerr (chant, basse, claviers, clavinette) – Ben Thatcher (batterie, percussions)
Chronique :
Et de trois !
En 2014 leur album éponyme révélait au monde ce singulier duo basse/batterie, en 2017 ils partaient en virée avec des lapins sur le capot de la bagnole, et se demandaient comment étaient-ils devenus si dark, ENFIN les revoilà ! ROYAL BLOOD, usine à tubes volcaniques et à clip énigmatiques nous offrent en ce mois de mai de l’an de grâce 2021 le sémillant Typhoons.
Un point rapide sur la situation : confinement, gnagnagna, avenir incertain, cul entre deux chaises, blablaaa, cerveaux atrophiés par le manque de gigs, de shows, de potes, de fête, cheveux ternes, yeux cernés, apathie, gnagnagna. Oué, je sais: c’est pas gagné on part de loin. Occupée à vivre ma vie trépidante mais néanmoins ordinaire de chroniqueuse accidentelle pour Mad Sounds, le 07 mai dernier Mike Kerr et Ben Thatcher passent me prendre en limo. Ils ont du champagne, des dragibus, ils veulent s’éclater, et ils le veulent MAINTENANT. Incrédule, mais hautement corruptible, j’ai tout juste le temps de sauter dans mes escarpins à paillettes, de laquer mon brushing Pamela Ewing et de passer au travers d’un pschitt d’ambre noire que le très envoûtant « Trouble Coming » me catapulte sur le dancefloor, mode Studio 54 : ACTIVÉ.
Raffiné, percutant, mystérieux, dramatique. Un shot d’endorphine, un sortilège de toute puissance des grands soirs : tu sais QUAND ça commence, mais jamais COMMENT ça finit. « Oblivion » maintient la pression, sophistiqué, grisant, super catchy. « Typhoons », le bien nommé, m'emporte. Décollage immédiat pour un des gros climax de cet album. En filigrane, des influences funk psychédélique jusqu’à la french touch. À l’avant-garde, la basse signature de Mike, sa voix super sexy et la batterie minimaliste mais précise et robuste de Ben. Un groove « Black bling », riche et persistant. « Who Need Friends » et plus loin « Boiler Maker », recadrent cette folie douce autour de l’essence Royal Blood », du gros, du plomb, du lyrics psycho-skizo, du sale, du gras...du rock nom de dieu ! « Either You Want It » n’est pas d’un intérêt terrassant, mais apporte du relief à la globalité de l’album et constitue un interlude un peu rétro tout à fait satisfaisant le temps d’une vodkatini au comptoir. Le deal de départ était honnête, l'objectif final de ce Typhoons clairement défini : la fête. La chouille, la grosse teuf, la bamboche, la guinche. Mes dernières vaines tentatives de résistance cèdent dans 5, 4, 3, 2... Le disco torride de « Million And One » et « Limbo » pulvérisent mes mécanismes d'inhibition : je danse, je smack les gogos sur les podiums, je smatch la boule à facette, je danse. Sur « Mad Visions », je danse encore, je fume des clopes dans les chiottes, je danse, je me sers derrière le bar, je danse. Hors de contrôle sur « Hold On » je traverse le club en marchant sur les tables, je check le dj dans sa cabine, hilare, je m'offre une roulade sur la banquette du carré VIP, je danse, je danse, je danse...
Je marche. Pieds nus sur le goudron. Ma limo s’est changée en Uber SUV. Mes talons sont cassés, mon brushing a frisé, le parfum est resté mais mon mascara coule. C’est Mike Kerr qui donne le coup de grâce à cette hystérie, seul avec son piano, éthéré, chimérique ; dans un ultime élan de génie. « All We Have Is Now » : tout est dans le titre. Il y bien trop de passé et de futur dans nos vies, le présent n’a plus de saveur. Piégée entre nostalgie des heures passées, épuisement, et prémisses d’une gueule de bois qui s’annonce salement corsée, je tente 2 minutes et 29 secondes de puissant ancrage, ici , maintenant.
Merci Royal Blood pour cette bulle de fraîcheur. Voilà onze morceaux régressifs, revitalisants et très élégants qui s’écoulent en un claquement de doigts, truffés de jolis détails musicaux et infusés de belles énergies.
Sheena
