A Moon Shaped Pool
Radiohead
Pistes :
- Burn the Witch
- Daydreaming
- Decks Dark
- Desert Island Disk
- Ful Stop
- Glass Eyes
- Identikit
- The Numbers
- Present Tense
- Tinker Tailor Soldier Rich Man Poor Man Beggar Man Thief
- True Love Waits
Musiciens :
Thom Yorke (chant, guitare) - Jonny Greenwood (guitare, claviers) - Ed O'Brien (guitare) - Colin Greenwood (basse) - Phil Selway (batterie)
Chronique :
L’omerta sur Thom Yorke était enfin tombée. Longtemps intouchable, le leader du groupe d’Oxford était passé entre les gouttes. Mais à distance de la sortie de The King Of Limbs et de ces deux albums solos, les langues se déliaient, les critiques objectivaient : les dernières élucubrations électro-barjot-surréalistes de Yorke n’étaient pas au niveau. Jugement plutôt lucide qui ne remet en rien en cause le génie du bonhomme.
Alors, terré depuis des lustres (cinq années), Radiohead ressort la tête de l’eau avec ses effets de styles dignes de grands pontes de la communication : ils disparaissent tout à coup des réseaux sociaux, pour mieux réapparaître quelques heures plus tard avec un premier extrait. Puis, arrive l’annonce de la sortie de l’album du jour au sur-lendemain. Le buzz est planétaire, les fans sont excités mais fébriles.
Les premières écoutes rassurent, les suivantes enthousiasment. Sur A Moon Shaped Pool, le collectif semble enfin avoir repris le dessus. Le travail sur les mélodies est d’une grande finesse, le peaufinage des arrangements est d’une grâce et d’une précision sidérantes. Tout prend place méticuleusement : la guitare ruisselante, la basse obsédante, les artifices électros discrets et les bouquets de cordes admirables. La plus-value apportée par les cordes est d’ailleurs absolument indéniable. Elles transcendent les mélopées spleenétiques, elles enivrent le chant félin de Yorke finalement bien plus nuancé que d’habitude. Dans cette collection admirable de onze chansons – classées par ordre alphabétique s’il vous plaît – quelques-unes surnagent comme des jadéites au-dessus des diamants : « Decks Dark », « Identitik » et la Zeppelinienne « The Numbers », « Present Tense » sont de celles-là… Une bonne partie de ces chansons ont été éprouvées lors des dernières tournées, d’autres remontent même à longtemps (« True Love Waits ») mais aucune n’avait trouvé une telle personnalité avec ces arrangements aux petits oignons. Côté texte et ambiance, ni Thom Yorke ni le producteur à temps plein Nigel Godrich n’ont allégé le fardeau qui pèse dans l’esprit du chanteur depuis deux bonnes décennies. Mais A Moon Shaped Pool n’a rien du pamphlet chargé d’obscurité et de cynisme accablant. L’album laisse au contraire une impression de voyage, d’échappatoire, une beauté profonde assez peu descriptible. Brillant.
Note Rocklegends : 4 /5
Jean