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To Bring You My Love

PJ Harvey

Pistes:

  1. To Bring You My Love

  2. Meet Ze Monsta

  3. Working For The Man

  4. C'mon Billy

  5. Teclo

  6. Long Snake Moan

  7. Down By The Water

  8. I Think I'm A Mother

  9. Send His Love To Me

  10. The Dancer

Musiciens :

PJ Harvey (organ, guitare, percussion, piano, chant...) - Jean-Marc Butty (percussion, batterie) - Joe Dilworth (batterie) - Mick Harvey (basse, organ) - John Parish (organ, guitare, batterie) - ...

Critique:

Après deux disques de jeunesse brute (Dry et Rid of me) ainsi qu'une réédition à la limite du nihilisme (4-Track Demos), l'insoumise Polly Jean Harvey joue les femmes fatales le temps d'un album sensuel et vorace, To Bring You My love, pour lequel elle troque les pages froissées de son journal intime contre une énorme rose rouge sang.

To Bring You My Love débute sur quelques notes de guitares chargées d'une gravité sourde. Elles arrivent de loin et l'on se dit déjà que c'est la classe. Désert sec, aride. Il y a de la rancoeur dans l'air. Fondu d'ouverture, une femme au regard sombre, silhouette perdue au milieu des dunes, chante au ciel son désespoir. La voix sature autant que les guitares et l'on finit par comprendre que le désert, c'est le désespoir à perte de vue. Révélation éclatante d'un disque au style infaillible, langoureux comme une langue et tranchant comme une lame.

Chacun des dix morceaux fonctionne ainsi sur les mêmes éléments : structures entêtantes, économie de moyens, sonorités chaudes, voix incandescente. Si l'amour fou tient en quelques lignes, c'est définitivement chez PJ Harvey qu'on en lira le manifeste. Les chansons de To Bring You My Love parlent toutes de sentiments dévorants, de désirs gargantuesques et de beautés monstrueuses. Mais, plus que dans les mots, c'est la puissance et la conviction avec laquelle PJ les délivre qui force l'admiration. Sur l'énorme « Meet Ze Monsta » par exemple, la chanteuse donne l'impression d'apprivoiser l'ensemble d'une usine à gaz. Ailleurs, l'interprétation qu'elle fait de ses « Teclo » et « C'mon Billy », au-delà du simple thème de la disparition, fait naître dans les deux cas une émotion rare. Tandis qu'avec le somptueux « The Dancer », chef-d'oeuvre absolu d'amour incendié, la diva anglaise impose une présence folle qui achève le disque dans un nuage de fumée écarlate.

On garde de To Bring You My Love des couleurs plus que des idées. Loin de la brutalité primitive de ses débuts, PJ Harvey, en cette année 1995, envisagea sa musique en des termes davantage esthétiques. Considéré par beaucoup comme sa plus indiscutable réussite, cet album de rock fauve et sexué est devenu un classique des années 90. Sans mettre une seule goutte d'eau dans son vin, la demoiselle n'avait fait qu'ajouter une immense pierre à un édifice dont l'envergure n'est désormais plus à prouver.

Mad Dog

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