Miscellanées Bissextiles
Matmatah
Pistes :
- Erlenmeyer
- Populaire
- Le rhume des foins
- Brest-même
- Hypnagogia
- Trenkenn Fisel
- Obscène Anthropocène
- Fière allure
- Bet You And I
- De l'aventure
- SklogW
- La posologie
- Let's Say It's Alright
- Coupette ?
Musiciens :
Tristan Nihouarn (chant, guitares, claviers) - Eric Digaire (basse, chœurs, clavier) - Benoît Fournier (batterie) - Léopold Riou (guitare) - Emmanuel Baroux (guitare, chœurs) - …
Chronique :
Matmatah a déjà 25 ans, même plus. Le premier album, « La Ouache », est bien loin. Un album autoproduit absolument majeur à la fin des années 90… Mais comme les chats, Matmatah a plusieurs vies, et comme les serpents, plusieurs peaux. Le line-up de départ n’y est plus, bien entendu en 25 ans, les brestois ont connu leurs mues, autant dans leur configuration que dans leur musique. La vie quoi…
Et donc, avec des passages à vide, séparation et temps de pause, Matmatah n’en est qu’à son sixième album studio. Et déjà, le temps est à l’assemblage, à la synthèse. Car oui, ce double album amalgame précisément ce qu’a traversé le groupe : de la pop héritée des Beatles et des Beach Boys avec ses chœurs harmonieux, le rock avec ses guitares brutes, la chanson française et les effluves de musique traditionnelle bretonne. De l’aveu du groupe, Miscellanées Bissextiles a été composé entre télétravail distanciel et réunions dans le studio de Scholl. C’est un album grand écart, qui perturbe au premier abord. Certains y trouveront le génie de la synthèse, d’autres l’incohérence de cette miscellanée, ce patchwork musical gonflé.
Et sans complexe, entêtés mais déterminés comme des bretons qui se respectent, Matmatah passe de chansons populaires (« SklogW », « Populaire »), à hymne radiophonique (« Brest-Même »), d’influences sixties prononcées (« Bet You And I ») à de la chanson rock moins fulgurante (« De l’Aventure », « Fière Allure »). Mais les brestois ont aussi cette capacité à exploser les carcans pour libérer les énergies hors format, hors formatage : le morceau de bravoure introductif est une réussite complètement dingue de 19 minutes, qui justifierait le titre de l’album à lui tout seul ! Il est tellement étiré, tellement versatile, tellement créatif avec ses passage électro, trip-hop et rock progressif que Matmatah éclabousse par cette édifice dantesque jusqu’à écraser le reste… qui paraît presque trop simple. Le cul entre deux chaises ou les pieds bien sur terre, chacun choisira.
Mais ce n’est pas la seule réussite, « Hypnagogia » est une merveille de ballade aérienne, certainement le plus beau morceau de cet album. En intro de la deuxième galette, l’instrumentale « Trenkenn Fisel » renvoie aux « Moutons » de la première heure mais avec une dimension rock et progressif qui retourne la tête. Les textes sont malins, tintés d’humour et d’easter eggs, messages subliminaux, d’un poil d’indignation mais sans la lourdeur ambiante. Mention spéciale au texte de "Coupette", cette outro débridée et satirique !
Cet album, c’est Matmatah. On y retrouve la passion, les écueils, les influences et l’enthousiasme.
Jean
