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L'Oiseleur

Feu ! Chatterton

Pistes :

  1. Je ne te vois plus
  2. Grace
  3. L'oiseau
  4. Souvenir
  5. L'ivresse
  6. Ginger
  7. Tes yeux verts
  8. Zone libre
  9. Erussel Baled (Les ruines)
  10. Anna
  11. Sari d'Orcino
  12. La fenêtre
  13. Le départ

Musiciens :

Arthur - Clément - Raphaël - Sébastien - Antoine

Chronique :

Pris par surprise avec Ici Le Jour (A Tout Enseveli), scotché au béton ciré lors de leurs concerts, Feu ! Chatterton avait définitivement séduit le public et la critique. Musique intelligente, paroles aux innombrables références littéraires portées par le chant habité d’Arthur, les franciliens se hissaient dans le haut du panier. Ce premier album respirait la fraîcheur, le renouveau de la chanson à texte. Que pouvait-il arriver de mieux Messieurs-Dames ? Et bien, L’Oiseleur.

L’Oiseleur oui, brillantissime. Complexe, étoffé, les mélodies alambiquées ne laissent rien au hasard. Moins accessible que son illustre prédécesseur, L’oiseleur est un disque d’érudits, de gens de patience. N’attendez pas qu’il vous glisse dans les oreilles comme une onde bienfaisante. Ce disque convoque l’exigence, la persévérance, il implore que vous écoutiez profondément, attentivement, ce que vous entendez. Il implique que les belles histoires cinématographiques d’Arthur qui renvoient à Chabrol, Truffaud, Godard et compagnie, vous hantent inlassablement. L’amour, les belles femmes que l’on imagine, ces pellicules couleurs pastelles, cette plage et Juliette, façon Marie Laforêt dans sa robe oranger. Ce qui est vraiment dingue dans ses paroles, son interprétation (bien mieux maîtrisée que sur le premier album) et les décors, c’est ce tissage de modernisme et de classicisme.

Derrière ces belles histoires amoureuses, ces souvenirs mélancoliques et ces voyages à contre-jeunesse, le groupe a tissé une étoffe complexe de mélodies soyeuses, d’arrangements discrets et de strates entremêlées. Tout s’imbrique comme dans un tableau de Dalí, avec un perfectionnisme obsessionnel. Impossible de décrypter ce déluge d’instruments, ces ajouts de pièces et détails. Mais jamais Feu ! Chatterton ne nous perd dans les émotions superflues ni dans la froideur d’un disque sans âme ou trop sophistiqué, bien au contraire. De la première à la dernière pièce, les franciliens y mettent du cœur et des chœurs (« L’Oiseau »), du rythme (« Ginger »), de la mélancolie (la pièce maîtresse, « Sari d’Orcino »), des ascenseurs frénétiques (« La Fenêtre ») et de « L’Ivresse ». Sans dandisme exagéré, ce disque nage impudemment dans un océan de quasi-perfection qui nous laisse suspendu aux crochets de la béatitude. Bordel, que c’est beau.

Note Rocklegends : 4½ /5

Jean

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